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DISTRIBUTION DU LIVRE

à corriger moindres, car il n’y a plus de lettres manquantes, de caractères retournés, de chiffres difficiles à lire, de lettres cassées, mélangées ; des caractères de divers types rendus aisés, facilité de conserver certains textes pour la réimpression, alors qu’autrefois il fallait en ce cas immobiliser une partie du matériel. La machine à composer compose à l’heure 5000 lettres et en redistribue 15000. Les machines à composer sont aujourd’hui assez nombreuses : la linotype, la monotype, l’intertype, la typograph.

b) La machine monotype offre l’avantage d’un clavier de petite dimension séparé de la fondeuse. On peut ainsi faire fonctionner le clavier dans un bureau, loin de la machine et produire un travail dans les mêmes conditions que la machine à écrire ordinaire. Ceci peut permettre l’économie d’une transcription. Par ex., des fiches bibliographiques, notamment celles du dépouillement des périodiques, les extraits ou copies d’ouvrages peuvent se faire sans danger de voir souiller les originaux ni obligation de les transporter au dehors.

c) L’Intertype Corporation fournit maintenant ses machines avec un nouveau dispositif permettant le cadratinage et le centrage des lignes, appareil qui ajoute à la machine Intertype les avantages mécaniques suivants : le cadratinage automatique et instantané sur n’importe quelle longueur de ligne, sans emploi de cadratins et d’espaces-bandes ; 2° centrage, au milieu d’une ligne, d’un titre sans emploi de matériel à espaces ; 3° cadratinage ou centrage d’un texte, d’un mot et même d’une seule lettre, avec ou sans emploi de matériel à espaces.

Un bouton de contrôle se trouve sur l’étau de la machine et à portée de la main de l’opérateur. Le bouton abaissé, la machine centrera un texte, des mots, un mot, une seule lettre sur une longueur quelconque de ligne, sans autre attention. Le bouton levé, la machine cadratinera automatiquement la ligne non comblée.

d) De la composition à la machine, on peut attendre des progrès dans plusieurs directions. Les bandes perforées de la monotype, où demain une même frappe marquera des caractères visibles, deviendront des clichés précieux, lisibles par tous, pour l’utilisation multiple des mêmes textes. La simple machine à écrire, nantie de caractères typographiques et réalisant la justification automatique, fournira de son côté les épreuves qu’il suffira ensuite de passer à la lithographie. On a parlé d’une machine à composer photographique moins compliquée et encombrante que la typographie. Des lettres disposées sur un support de verre sont éclairées à l’appel d’un clavier qui fait fonctionner les lampes ; un dispositif de miroir et prisme renvoie l’image de la lettre à photographier sur une plaque au préalable sensibilisée et qui se déplace automatiquement après chaque photographie. Mais il y a la justification et la correction.[1]

8. — Presses et autres machines.

a) La presse Marinoni, inventée en 1872, a modifié de fond en comble la confection matérielle des journaux. Elle a contribué à l’essor du journal dans le monde entier.

La presse de Gutenberg devait à peine produire une feuille à la minute, alors que nos presses peuvent imprimer de 30 à 1600 exemplaires dans le même laps de temps. Les dernières rotatives ont un potentiel de 100,000 journaux à pages multiples en une heure.

b) Les machines à relier font merveille. Elles tendent de plus en plus à cueillir mécaniquement le volume au sortir de la presse, à plier les feuilles mécaniquement, à les coudre mécaniquement, à les mettre en presse mécaniquement. On estime que ces machines ont décuplé la puissance de production des ateliers de reliure.

9. — Organisation de l’imprimerie.

a) Dans la plupart des pays, les imprimeries ont une forte base corporative, patrons d’un côté, ouvriers de l’autre, parfois des corporations mixtes. Les organisations établissent des contrats collectifs et de véritables codes en la matière. Il existe un Congrès international des Imprimeurs ; il a chargé une Commission d’organiser un bureau international d’études pour l’industrie du livre.

b) Il existe de remarquables musées de l’imprimerie, entr’autres le Gutenberg Museum de Mayence, le Musée de Berne, le Musée Plantin à Anvers, le Musée du Livre à Leipzig. Certaines grandes imprimeries ont formé des petits musées, On a créé des collections de documents typographiques. La Bibliothèque typographique de Jersey City. La Bibliothèque des arts graphiques d’Edmond Morin à Paris. La Bibliothèque du Kunstgewerbe Museum à Berlin.

253 Distribution et Circulation du Livre et du Document.

253.0 Généralités.

a) Une fois établi, en original ou en reproduction, le livre, le document, sont objets de distribution. Celle-ci s’est organisée progressivement au cours du temps. Elle dispose maintenant d’institutions et de systèmes perfectionnés. Il y a lieu de distinguer la distribution matérielle liée à des opérations de transport et la distribution intellectuelle ou diffusion des données incluses dans les documents avec comme conséquence l’influence de ces données.

b) Le temps de diffusion des ouvrages est souvent fort long. Ainsi Dante fut fort peu connu en France jusqu’à la fin du XVIIIe siècle ; sa renommée date de l’époque romantique. Celle de l’épopée du Tasse, la Jérusalem délivrée, date particulièrement en France du XVIIe siècle. Shakespeare y pénètre au XVIIIe siècle ; alors on le traduit et on l’imite.

  1. Revue suisse de l’Imprimerie, 1933, juin, p. 15