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LE LIVRE ET LE DOCUMENT

(Indes), à Shanghai, à Sydney, à Capetown, d’importantes maisons d’éditions.[1]

b) En 1920, il existait 13,049 maisons d’édition et de librairies allemandes, dont un tiers réservé à l’édition et deux tiers à la librairie d’assortiment.

c) Lors de son centenaire, la librairie Hachette, qui est maintenant au capital de 43 millions de francs et qui embrasse le cycle complet de tout ce qui touche au livre, a déclaré recevoir une moyenne de 541 lettres par heure, 9 par minute. La moyenne de fabrication des livres et publications est de 22 millions d’exemplaires par an. Elle a des intérêts dans diverses papeteries, à l’étranger et dans des fabriques de pâte à papier qui alimentent les usines françaises ses fournisseurs. Elle imprime elle-même une partie de ses livres, soit dans son imprimerie, soit dans des imprimeries qu’elle commandite. Elle a créé les Messageries des journaux Hachette, les Bibliothèques des gares, pour la diffusion du livre et des journaux français à l’étranger « l’Agence générale de Librairie et de Publication ».

5. — Contrat d’édition et mode d’édition.

a) Les contrats entre auteur et éditeur ont trois formes : 1o l’éditeur édite aux frais de l’auteur ; 2o l’éditeur achète le manuscrit, ou une édition, ou une traduction ; 3o l’éditeur paye une redevance (pourcentage royalty). L’auteur doit surveiller le tirage et l’habitude critiquable des « passes ». L’auteur reçoit des exemplaires pour sa distribution gratuite, la diffusion d’ordre scientifique.[2]

b) On a élaboré un contrat type d’édition. L’Institut International de Coopération Intellectuelle a abordé l’examen de cette question.

c) Il y a divers modes de publication des livres : 1o par souscription avant l’impression ; 2o par fascicules ou livraisons ; 3o après achèvement. Les éditions dites « par souscription » consistent à imprimer et distribuer quelques centaines ou milliers de bulletins de souscription annonçant la parution prochaine d’une œuvre. Les ventes par avance enlèvent ainsi à la publication les atlas économiques qui peuvent s’opposer à son impression.

6. — Déontologie des éditeurs.

a) Voici la belle définition de l’éditeur proposée par les Tchécoslovaques au récent Congrès International des Éditeurs : « Le véritable éditeur doit avoir l’ambition de déployer dans le domaine de la culture une initiative propre ; de ne pas se borner à demander à la vie intellectuelle ses moyens d’existence, mais aussi à lui apporter quelque chose, à l’aider dans son développement. Aider le travail vivant d’artistes et de penseurs, représentatifs de leur temps, travailler moins pour aujourd’hui que pour demain et assurer sa part de risques avec l’espoir d’arriver finalement à vaincre toutes les difficultés. Mettre l’honneur du métier au-dessus de toutes les perspectives de gain. »

b) La fonction de l’édition va se précisant chaque L’édition ne saurait plus être considérée comme une industrie en soi, à part parmi toutes les autres et mal soudée aux besoins mêmes du livre. L’édition prend conscience de son devoir d’être conforme aux principes les plus avancés de la technique et de satisfaire aux desiderata les plus adéquats de la sociologie progressive. La fin idéale des opérations éditrices est de répandre parmi les hommes le maximum de biens intellectuels, ayant forme littéraire et documentaire. Reste à savoir comment cette fin peut se concilier avec les buts intéressés du commerce ; des écrits comme ceux de Karl Meinicke, « Das Buchhandel in das gerstige Lage Gegenwart » cherchent à répondre à cette question.

M. Gaston Zelger a publié en 1928 un Manuel d’Édition et de Librairie résumant pour la profession et son apprentissage, tout ce qui est essentiel de connaître.

7. — L’édition, l’intelligence et la publicité.

a) L’édition est conditionnée par trois grands facteurs : 1o l’argent : éditer est une opération commerciale. Elle s’insère dans le cycle économique et comme telle elle est productrice de salaires, d’achats, d’impôts et de gains. Elle a permis d’édifier de grandes fortunes. 2o L’intelligence : éditer est une opération d’ordre intellectuel, mettant au service de la vérité, des sciences, des lettres, des arts, de l’éducation des moyens de diffusion par le livre et le document. 3o La propagande : éditer permet de mettre en œuvre ces mêmes moyens au bénéfice de causes d’ordre politique, économique, social et politique. Dans l’édition l’intelligence a besoin d’être protégée à la fois contre l’argent et la propagande, soit qu’elle ait ses propres organes d’édition, soit qu’organisée elle-même par influence ou pour traiter collectivement avec l’édition d’affaires ou de propagande, il lui soit possible d’obtenir ainsi une part minimum des marques de distinction extérieure. La confusion des buts est un péril.

b) La publicité joue un grand rôle dans le lancement d’un ouvrage, Un ouvrage d’un auteur inconnu peut se vendre s’il est soutenu par une publicité habile. Le prix de la moindre publicité efficace est de plusieurs milliers de francs. De vives critiques s’élèvent contre l’organisation de ce qu’on a appelé le bluff littéraire. On a dénoncé le « syndicat parisien de la littérature alimentaire ». Fondation de prix, procédés publicitaires, les collections, les beaux livres faits de pauvres textes, les grands papiers. Une maison recrute ses « poulains » et

  1. Les listes des éditeurs sont données dans le Cleggs’ international directory of Booksellers, publishers, etc. (édition 1931) ; Lexicon der deutschen Verlage, Leipzig 1930 ; les listes des éditeurs jointes aux bibliographies nationales.
  2. What editors and publishers Want Liverpool Literary Year Book press, 1925.