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LE LIVRE ET LE DOCUMENT

lage se fait en boite de carton de grandeur différente correspondant aux formats courants. C’est plus solide, moins pesant, plus rapidement fait, de bonne présentation et se prêtant aux vérifications postales et douanières.

253.29 La documentation dans la Librairie.

a) Il faudrait que dans chaque librairie l’acheteur puisse se trouver en quelque sorte chez lui, et pour cela qu’il n’ait pas, de librairie en librairie, à s’initier à d’autres principes de classement, de catalogue, de dispositions matérielles. Le propre d’un réseau c’est de retrouver les éléments essentiels dans chacune de ses stations. Supposons que nos grands réseaux de chemins de fer aient placé les voyageurs dans la nécessité d’étudier l’aménagement de chaque gare avant de pouvoir recourir à ses services : quelle complication et quelle perte de temps. Supposons que les services de navigation, la Poste, le Gaz, l’Électricité aient fait de même. Le rythme de notre civilisation serait tout autre et chaque nouvelle invention contribuerait à compliquer la vie plutôt qu’à la simplifier.

b) Les ouvrages mis en vente sont aujourd’hui placés, sur les rayons dans les conditions tout à fait arbitraires, si bien que le grand principe « sers-toi toi-même » ne saurait être mis en action. Il en serait différent si la classification universelle (La Clarification décimale) était appliquée à ce classement. Sachant qu’à la même division 7 par exemple, correspondent partout les rayons portant les ouvrages sur les Beaux-Arts, tout lecteur connaissant les indices des matières qui l’intéressent peut les retrouver. Pour les agents de la librairie ce serait un énorme gain de temps, car la classification, enseignée dès l’apprentissage ferait s’y retrouver par chacun partout, quels que soient les pérégrinations et déplacements de maison en maison.

c) Un catalogue du contenu des rayons devrait être mis à la disposition des acheteurs en même temps qu’il servirait à tous les agents intéressés. La consultation de ce catalogue est plus rapide que l’examen des ouvrages mêmes. Il est pour chacun un auxiliaire de la mémoire. Ce catalogue devrait être établi sur fiches ; il devrait être classé à la fois par auteur et par matière, pour cette dernière partie selon la classification décimale appliquée ici comme aux rayons et établissant un parallélisme parfait entre le classement des ouvrages eux-mêmes et celui de leur catalogue.

d) Mais le catalogue devrait être complété par un Répertoire Bibliographique, établi en combinaison avec le catalogue, bien distinct de lui, mais également sur fiches et selon la Classification décimale. Ce Répertoire devrait comprendre les ouvrages fondamentaux en toute matière et en particulier les ouvrages récents. Ce serait un puissant instrument de vente. Ce qu’on ignore on ne saurait le désirer. Tant de livres excellents, merveilleux, précieux, d’un prix insignifiant comparés aux services qu’ils sont appelés à rendre, tant de ces livres existent que nul, ni les lecteurs-acheteurs, ni les agents-libraires ne connaissent, ou s’ils en ont eu connaissance, ils n’en ont point retenu les titres et les auteurs.

e) Il faudrait aussi que chaque librairie soit reliée à son Office national de Bibliographie et de Documentation. Tous les offices nationaux sont appelés à voir se relier à eux les Offices spéciaux ou locaux de documentation ; d’autre part, ils sont appelés aussi à être reliés aux autres offices nationaux et à l’Institut International de Bibliographie et de Documentation. En conséquence, chaque librairie serait une station du Réseau universel, c’est-à-dire que tout lecteur-acheteur s’adressant à elle pourrait recevoir par son intermédiaire toutes les indications bibliographiques désirables sur la matière qui l’intéresse. Bibliographie ici est synonyme de moyens de vente.

f) Il faudrait également que toute librairie possède et mit en place d’usage permanent le volume des Tables de la Classification Décimale. Ces Tables, comme il va être expliqué, comprennent actuellement soixante mille divisions systématiques ordonnées, représentées toutes par des numéros classificateurs ; elles sont accompagnées d’un index alphabétique dont le manuscrit est de la dernière simplicité. Ces Tables serviraient d’instrument pour tout le classement des livres sur les rayons, pour celui du catalogue répertoire, pour les demandes de renseignement. Mais il aurait encore ce résultat de rappeler ou d’apprendre au lecteur les tenants et les aboutissants des questions auxquelles il s’intéresse. Feuilleter ces tables, c’est recevoir vingt suggestions diverses toutes également utiles pour les études, pour l’information, pour les applications de la vie pratique. C’est donc aussi l’instrument pour l’extension des ventes.

253.291 SOURCES D’INFORMATIONS.

La Documentation a une double fonction à remplir en Librairie, a) Renseigner le libraire sur les livres à vendre pour la librairie, b) Renseigner les clients sur les livres existants. Dans la conception d’un Réseau universel de la Documentation, chaque librairie peut être assimilée à une station à maintenir en liaison permanente avec les centres nationaux et avec le Centre Mondial du Réseau. La Librairie comme la Bibliothèque est le point de contact avec le lecteur, avec le public. Elle a le plus grand intérêt à servir de canal entre eux et les centres d’informations d’une part, les centres d’approvisionnements d’autre part.

Les libraires américains ont tout un outillage pour s’orienter dans la masse croissante des publications et choisir celles qui leur paraîtront les plus faciles à écouler parmi leur clientèle. Il existe à cet effet toute une presse spécialisée : bibliographies générales ou particulières, journaux et magazines littéraires, catalogues des éditeurs,