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DISTRIBUTION DU LIVRE

en Belgique 14 services. La poste emploie l’expression générale « objet de correspondance ». Le développement du colis postal récemment acquis, celui du chèque postal, d’autre part, leur apporte l’aide la plus précieuse.

b) La poste transporte tous les documents. Elle a établi toutefois des maximum de dimensions, poids et des exceptions à raison du contenu. Les bureaux postaux auxiliaires établis dans les grands organismes mêmes qui sont producteurs de documents facilitent l’expédition (par ex. : à la Société des Nations à Genève, à l’Institut International d’Agriculture à Rome). Le système de boîtes 01 box dans les bureaux de poste publics facilitent lu distribution à toutes les heures. En certains pays, la poste admet le dépôt d’imprimés en masse sans adresse. Ces envois sont distribués aux personnes exerçant la profession désignée par l’expéditeur. On vise les annonces réclames et prix courants.

c) En novembre 1929, il y a eu à Genève une Conférence européenne relative aux transports de journaux et périodiques (documents : 1930. § III, 1).

d) La recherche des adresses constitue un grand travail pour la poste. On ferait un volume, dit M. Zacione, avec les adresses grotesques, absurdes, incohérentes, inintelligibles des correspondances qui arrivent périodiquement au bureau des rebuts, après avoir passé sans résultat par les mains de tous les agents qualifiés. Il cite l’exemple d’une lettre qui porte « À Monsieur mon fils à Paris » une autre à Lyon « À. Μ. M… demeurant dans la maison auprès de laquelle il y a un tas de neige » ; une autre « à M. Durand, même adresse que la précédente ». Déjà en 1862, les lettres aux rebuts étaient de 2,175,206, dont 100,176 pour adresses incomplètes, 638,257 pour adresses à destinataires inconnus, 1,086 lettres sans suscriptions, 1,435,687 lettres refusées.

5. — Timbres-poste.

a) Le premier timbre date de 1840. Autrefois, il y avait de simples cachets postaux appliqués à la main sur les enveloppes. Le nombre des timbres actuellement existant dépasse 60,000. Ce nombre a doublé depuis 1913. Les États se sont mis à faire des tirages dans des buts fiscaux : éditions nouvelles et surchargées. Il y a les innombrables timbres de commémoration. À l’initiative de Rowland Hill, l’Angleterre employa seule le timbre pendant 10 ans. La France l’adopta en 1850. L’Office de Tour et Taxis l’introduisit en Allemagne en 1850. Dès 1653 cependant, on vendait en France des billets de port payé.

Au Congrès postal universel de 1906, la proposition fut faite du timbre universel à 10 centimes.

b) Les timbres ou les coupons-réponse constituent un instrument monétaire utilisé dans de nombreux cas. Le « timbre mondial », émis dans certaines conditions, constituerait le commencement d’une monnaie mondiale.

c) Les timbres-poste sont les plus petits documents. Certains timbres sont des chefs-d’œuvre d’imagination, de composition et de dessin.

d) Les conditions de fabrication sont fort complexes pour éviter les fraudes d’oblitération et d’annulation. Les ateliers du timbre se servent de matériel permettant l’impression en typographie, en taille-douce et en héliogravure. Le papier employé est d’une texture et d’une composition adéquates à la destination (moitié chiffon, moitié bi-sulfate). En 1931, l’atelier du timbre a fabriqué 670 millions de timbres-poste belges, représentant une valeur d’affranchissement de 390 millions de francs et 45 millions de cartes postales. Ces fabrications ont nécessité, pour ce qui concerne les timbres, 500,000 mètres carrés de papier (soit 40,000 kg.) et 12,000 kg. de gomme du Sénégal. Les feuilles sont contrôlées une à une ; ce qui échappe à la mise au rebut par suite de malfaçon ira faire la joie des collectionneurs et donner lieu à une valeur parfois énorme.[1]

e) Les timbres ont servi à la propagande. Ils ont fait connaître villes, sites, grands hommes et institutions ; ils ont servi à commémorer des événements. Ils ont été employés aussi pour des propagandes. Les Soviets ont annoncé leur intention d’éditer des timbres antireligieux ; antérieurement des correspondances avec timbres espagnols, portant atteinte au respect des convictions, ont été interdites aux États-Unis.

Les timbres de circonstances sont émis par les administrations des postes souvent après concours.[2] En France, le timbre antituberculeux, créé en 1925, produit annuellement environ 20 millions récoltés pendant le seul mois de décembre. Tout est motif et occasion à renouvellement, à commémoration. Les faits de commémoration étendent en quelque sorte le symbolisme de la timbrologie et sa signification documentaire.

f) Les timbres font l’objet de collections. Ils atteignent des prix formidables basés sur la rareté et non la beauté. Un Mauritius (île Maurice) est estimé jusqu’à un million de francs belges. Les deux Mauritius qui suivent sont taxés un demi-million. Un timbre de Guyane anglaise vient ensuite. C’est par centaines de mille que l’on compte les collectionneurs, par millions disent certains. Toute une organisation existe : les catalogues, les marchands, les publications et revues philatéliques, les bourses aux timbres, les associations philatéliques internationales, des experts, des études pour parer aux falsifications, des collections publiques. Le British Museum possède une collection qui lui fut donnée par un riche marchand de la Cité et qui vaut des millions. Elle est exposée en un meubles spécial dont les cadres disposés en armoires se tirent au moment de la vision. Les timbres les plus

  1. Belga. Les vignettes postales en taille-douce et en héliogravure. La chronique graphique, 1932, p. 167.
  2. Le timbre néerlandais de la Paix. Bulletin interparlementaire, juin 1933, p, 114.