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LE LIVRE ET LE DOCUMENT

sont placés dans des armoires, le long des murs. Ensuite on a formé des alcôves et des étages. Les magasins ont été séparés de la salle de lecture dont les proportions deviennent toujours plus grandes. Plus récemment on a multiplié les salles de lecture que l’on spécialise et répartit à proximité des magasins spéciaux.

c) D’une manière générale, les bibliothèques ont passé par plusieurs stades, avant d’être telles que s’offrent à nous aujourd’hui les plus perfectionnées d’entr’elles.

1er stade : Les bibliothèques sont « épigraphiques » sur les murs des Temples et des Palais. — 2e stade : Les bibliothèques sont celles des souverains (La Librairie des Rois). — 3e stade : Les bibliothèques s’ouvrent au public, ayant encore peu de livres et peu de lecteurs ; ceux-ci étaient installés dans des salles au milieu des livres. — 4e stade : Les livres et les lecteurs augmentant, on crée une salle de lecture publique et un magasin de livres séparés. — 5e stade : Institution des Bibliothèques nationales. — 6e stade : La salle de lecture s’agrandit, mais on l’aménage en salle de travail en y laissant des livres de références qui dépensent de recourir sans cesse aux magasins (ex. : Bibliothèque Nationale, Bibliothèque du British Museum). — 7e stade : On ajoute à la salle de travail une salle pour les catalogues et les recueils bibliographiques. — 8e stade : On ajoute des salles de travail spéciales, à proximité des magasins. On y dépose des ouvrages de références et des duplicata de catalogues spéciaux (New York). — 9e stade : On pousse plus loin encore la spécialisation. On crée des cabinets de travail particuliers pour les travailleurs choisis et des « boxes » pour consultation au milieu même des magasins de livres (Harvard). — 10e stade : la bibliothèque s’adjoint musée, archives, service de documentation (dossiers) ou va elle-même s’organiser en service spécialisé auprès des institutions qui sont en ordre principal consacrées à l’un ou à l’autre de ces objets. La bibliothèque ainsi s’étend à tout le domaine de la documentation.

262.13 Développement actuel des Bibliothèques. Bibliothèques dans les divers pays.

Le mot bibliothèque est élastique, il s’applique à un meuble contenant quelques ouvrages ou à une collection de millions de volumes telle que celle du British Museum de Londres et de la Bibliothèque Nationale de Paris.

Les bibliothèques se sont, de nos jours, considérablement multipliées, elles ont ajouté à leurs services, leurs collections de livres se sont accrues, et le public s’adresse à elles en plus grand nombre. Exemples : bibliothèque possédant 4 millions de volumes (Paris, Nationale) ; desservant une moyenne de mille lecteurs par jour (Londres, British Museum) ; disposant d’un personnel de 400 personnes (Washington, Library of Congress) ; ayant des sections pour les imprimés, les revues, les journaux, les manuscrits, les estampes, les photographies, la musique, les impressions pour aveugles (Washington, idem).

Les magasins de livres (stocks) sont à peu près entièrement métalliques ; ils sont à étages très rapprochés (12 étages et plus) d’une capacité de plusieurs millions de volumes (Washington). À la nouvelle Bibliothèque de l’Université d’Harvard. 60 professeurs ont un cabinet personnel, au contact même de ce magasin, ils peuvent y recevoir leurs étudiants, ils ont la clé de la bibliothèque ce qui leur permet d’y venir travailler la nuit comme le jour ; d’autre part, 300 boxes munis de tables sont aménagés dans le magasin pour permettre le travail près des rayons à des étudiants gradués munis d’une autorisation spéciale. À l’étage supérieur, 34 salles de travail, avec bibliothèque spéciale de livres d’usage courant, sont aménagées pour le travail des étudiants dans chacune des sections ou départements (mathématiques, français, allemand, sanscrit). Le British Museum à Londres, la Public Library de New York, la Bibliothèque de Harvard, pour ne citer que celles-là, sont ouvertes de 9 heures du matin à 10 heures du soir. La Bibliothèque du Congrès a un personnel de plusieurs centaines d’employés, celle de Harvard en a plus de 100. On imprime les catalogues de bibliothèque sur fiches et de grandes salles de catalogues précèdent les salles de travail. L’on tend vers des collections complétées. Par ex. sur la question de l’« efficiency », la Bibliothèque de New York a publié une liste de 1,200 titres et elle possède tous ces ouvrages.

La Bibliothèque de Harvard a 1,200,000 volumes, celle de York 1,000,000, celle de Columbia 550,000. La Centrale des Bibliothèques de New York reçoit une moyenne journalière de 10,000 visiteurs. Il est remarquable de constater qu’on a pu rassembler, en un siècle, aux États-Unis presque toute la production intellectuelle que l’on avait mis des milliers d’années à créer en Europe.

La Bibliothèque de New York mouvemente annuellement 11 millions de volumes. L’ensemble des Bibliothèques Nationales de France ont à dépenser 3,500,000 francs. La Bibliothèque Nationale de Berlin seule a 16 millions de francs. Chaque bibliothèque d’université prussienne a eu un crédit moyen de 525,000 fr.

Les bibliothèques ont un système de succursales, branches, sous-branches, stations (par ex. dans les écoles, les hôpitaux, les prisons, etc.). Elles ont aussi commencé un système d’extension au dehors à la manière de l’extension universitaire (Library extension, service par correspondance et colis postal). On a créé des services régionaux de bibliothèques (County library) comportant une collection centrale de livres distribués dans toute la région par l’intermédiaire des bibliothèques locales, des stations du service postal et des wagons de livres itinérants (bookwagon).

a) Angleterre. — L’Angleterre possédait beaucoup de bibliothèques au moyen âge ; elles furent en partie perdues