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BIBLIOTHÈQUES. COLLECTIONS

teaux ou ciseaux ne conviennent pas) ; découper, en suivant, de gauche à droite. Pour obtenir que les pages demeurent droites, ouvrir les pages par petits paquets en appuyant légèrement le long de la marge intérieure. Éviter l’écrasement brusque du dos.

4o Détermination du classement de l’ouvrage. — On la fait à ce moment, car elle est nécessaire aux opérations ultérieures : l’enregistrement à l’inventaire, l’estampillage et le catalogue. L’indice classificateur peut être inscrit d’abord au crayon sur la couverture même du volume, en attendant tout enregistrement.

5o Inscription à l’inventaire. (Voir ci-après). — Les ouvrages en continuation et les périodiques sont inscrits sur leur fiche alphabétique déjà existante. On y trouvera leur numéro d’inventaire et leur indice de classement.

6o Marque de propriété. — Dès qu’un livre est porté à l’inventaire, il doit être considéré comme faisant partie de la collection et doit recevoir une marque de propriété. Tout lecteur étant susceptible d’emprunter à plusieurs bibliothèques, il faut empêcher des confusions lors de la restitution des ouvrages. En cas de décès ou de départ du détenteur, ses commettants doivent pouvoir se rendre compte de l’origine et de la propriété des ouvrages trouvés chez lui. La marque de propriété doit empêcher aussi le troc ou la circulation illégale des ouvrages appartenant à la bibliothèque. La marque peut prendre deux formes : le timbrage et l’ex-libris. a) Timbrage : Le timbrage des volumes convient bien pour les bibliothèques servant à des lecteurs nombreux. Il comporte le simple estampillage de la firme de la Bibliothèque, avec mention de la ville et éventuellement de l’adresse où elle a son siège. On peut faire usage de tampons humides ou de timbres secs (à relief). Ces derniers ont le désavantage de n’être pas assez apparents, mais ils ne font pas tache sur le livre. La place du timbre est en premier lieu sur la page titre du volume ou au verso de celle-ci, ensuite sur les éléments encartés, sur les fascicules d’un même ouvrage, et sur les cartes et gravures. Si on préfère respecter ces éléments quand ils présentent un caractère d’art qui aurait à en souffrir, on timbre au dos. Pour plus de précaution, on tamponne encore une page déterminée dans le corps du volume, par exemple, pages 5, 105, 205 et chaque 05 ; Le tampon doit être de petit format, et les caractères simples et nets. L’encre doit être visible, indélébile et rapidement sèche. L’encre rouge est visible et sèche vite. On y ajoute du siccatif. Éviter couleurs à l’aniline. — b) Ex-libris : Le système qui a été employé en premier lieu comme marque de propriété est celui de l’ex-libris. Celui-ci est gravé ou collé à l’extérieur ou à l’intérieur de la reliure (armes, dessin, figure allégorique ou légende, ou combinaison de ces éléments). Une place est réservée pour l’inscription de la cote de l’ouvrage. Ce système convient encore actuellement, notamment pour les bibliothèques personnelles. Il peut être cumulé avec le système du timbrage.[1]

7o Étiquetage des volumes. — Il a pour but l’indication de la cote de placement des volumes, qui doit être bien apparente. Il peut servir par surcroît de marque de propriété si l’étiquette porte imprimée la firme de la Bibliothèque. C’est la marque de propriété la plus visible et remplissant le plus pratiquement son office, mais elle n’exclut pas l’application du timbre et l’emploi de l’ex-libris car l’étiquette peut être décollée accidentellement ou volontairement. Elle comprend l’indice de la classification décimale et le numéro d’inventaire de l’ouvrage. On compte six espèces de symbole pour exprimer les divers éléments qui servent à classer les livres sur les rayons. 1o La classe (indice décimal ou indice d’une autre classification). 2o L’auteur (les Cutter numbers). 3o Le titre de l’ouvrage (les Cutter numbers) ; il est nécessaire de l’indiquer s’il est plusieurs livres d’un même auteur dans la même classe. 4o L’édition (s’il y a plusieurs éditions, indiquer par le nombre usuel de l’édition. 5o La date : table de Biscœ avec nombre arbitraire (date réelle de l’édition ou date abrégé). 6o Emplacement spécial qui correspond à diverses séries ou à des fonds. Par ex. : les lettres des formats (q) quarto et (f) folio. Et toutes désignation de fonds par des lettres A, B, C, etc.

L’étiquette a la forme rectangulaire, le format, 1/6 de fiche est recommandé. Elle se place au bas de la couverture ou de la reliure, dans l’angle inférieur gauche, toujours à la même place et à la même distance pour tous les volumes. Si le volume est assez épais, on peut placer sur le dos, tout en bas, une étiquette qui prend alors la forme ronde, ovale ou rectangulaire à coins coupés. En aucun cas elle ne peut couvrir des textes. On peut aussi remplacer l’étiquette par un timbre humide, de même grandeur, appliqué sur les couvertures des volumes brochés. Après l’étiquetage, les volumes sont rangés sur les rayons dans l’ordre des numéros d’inventaire, jusqu’à ce qu’on puisse les incorporer à leur place respective dans les collections.

  1. Les collections d’ex-libris présentent non seulement un intérêt pour l’art, mais aussi pour l’histoire des bibliothèques. Les répertoires d’ex-libris auxquels elles donnent lieu constituent de véritables listes historiques des bibliothèques privées. Le nombre de ces répertoires, pour telle ou telle région, devient de plus en plus grand. On les termine aujourd’hui par des tables alphabétiques générales, des armoiries, des devises et des noms propres, renvoyant aux notices descriptives des armoiries elles-mêmes et permettant ainsi de les identifier facilement. L’équivalent de l’ex-libris appliqué sur les documents de toute espèce devrait être dit Ex-Documentis et faire l’objet d’une certaine standardisation. C’est à l’Allemagne que reviendrait l’honneur d’avoir inventé, vers le milieu du XVe siècle, l’ex-libris ; on en trouve la première mention en l’an 1480, Un siècle plus tard, on trouve des ex-libris en France et en Angleterre.