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BIBLIOTHÈQUES. COLLECTIONS

262.443 CHOIX ENTRE CES MÉTHODES.

C’est la nature des collections, le caractère de la bibliothèque et des lecteurs auxquels elle est destinée, la place et le personnel dont on dispose qui doivent faire décider du choix d’une de ces méthodes. Ainsi le classement en trois formats (Octavo, Quarto, Folio) suivi du numéro de l’inventaire en trois séries est le plus simple pour la mise en place immédiate, le moins sujet à changement et le plus facile au moment du prêt et pour le recollement d’inventaire,[1] Mais le classement selon l’ordre systématique décimal détaillé offre de son côté divers avantages qui font défaut au classement par format et par numéro d’inventaire. Ce qui réduit le travail du bibliothécaire n’est pas toujours ce qu’il y a de mieux pour les lecteurs. Les bibliothèques en Amérique sont, pour la plupart, classées d’après le sujet des ouvrages, c’est-à-dire le numéro donné à ce sujet dans la classification décimale. C’est le système qui convient là où le lecteur est admis à choisir lui-même, dans les rayons, les ouvrages qu’il désire consulter ou emporter. Il trouve ainsi réunie toute la littérature d’un même sujet. Le classement par sujet exige des espaces de réserve à chaque division, dans une mesure correspondante aux accroissements probables. Cette mesure est difficile à évaluer et des remaniements s’imposent soit périodiquement (par exemple au recollement des inventaires), soit lorsqu’un développement imprévu oblige d’étendre l’espace réservé à une division. La détermination du sujet d’un ouvrage ne peut être faite que par un personnel instruit, apte à discerner à quelle classe appartient un ouvrage et à lui attribuer le numéro classificateur correspondant. Cette opération nécessite un examen de l’ouvrage et prend, naturellement, un certain temps. Le grand avantage de voir grouper ensemble tous les ouvrages et périodiques traitant d’un même sujet implique donc un sacrifice d’espace, de matériel et de travail qui fait qu’on y renonce là où les ressources et le personnel sont limités. Mais là où ces considérations n’entrent pas en ligne de compte, et notamment dans les « bibliothèques de travail » constituées surtout pour l’usage du personnel d’un établissement ou d’une administration, qui a intérêt à compulser à un moment donné l’ensemble de tous les ouvrages possédés sur un sujet donné, on envisagera comme idéal l’arrangement des livres sur les rayons dans l’ordre même des sujets dont ils traitent. Là, le but à atteindre, une consultation complète, facile et rapide est assez important pour considérer comme éléments accessoires les reclassements ou les réserves d’espaces.

262.45 Le prêt des livres.

a) Le prêt ou communication des ouvrages prend deux formes. 1° Prêter des livres en lecture dans la bibliothèque seulement, avec des conditions d’accession variant d’après les catégories d’ouvrages. 2° Prêt des livres au dehors, soit simultanément avec le prêt de l’intérieur, soit seulement le prêt au dehors, réduisant la bibliothèque à un magasin de livres sans salle de lecture, soit le prêt au dehors limité à des ouvrages en double ou facilement remplaçables.

b) Pour enregistrer les prêts, on a imaginé des dispositifs ingénieux permettant d’un seul coup d’œil de connaître ce qui est sorti, quand est sorti et qui a reçu. Ainsi est assuré le contrôle. Les lecteurs sont appelés à concourir à ces opérations en rédigeant eux-mêmes les bulletins de demande ou s’ils ont libre accès aux rayons. Les prêts peuvent être enregistrés soit sur fiches, soit en registres. Les mentions suivantes ont une utilité pour l’identification ou pour la statistique. 1° Bibliothécaire de service. 2° Numéro d’ordre des prêts. 3° Numéro d’inventaire de l’ouvrage. 4° Classification décimale du livre. 5° Auteur. 6° Titre. 7° Tome. 8° État du livre. 9° Date du prêt. 10° Nom et signature de l’emprunteur. 11° Age de l’emprunteur. 12° Sexe. 13° Nationalité. 14° Profession. 15° Date de la restitution. 16° Nom du bibliothécaire qui a reçu le livre. 17° Observation. Ces mentions sont très complètes ; elles peuvent être simplifiées au 2°, 3°, 9°, 10° et 15°.

c) Le prêt de livres à domicile a fait de remarquables progrès dans certaines bibliothèques. Les demandes faites par cartes postales sont desservies à domicile par la poste ou par service d’auto.

d) Le prêt entre bibliothèques se développe. En 1926-1927, la Bibliothèque de l’État de Prusse a envoyé 59,299 imprimés et en a reçu 2,866 ; celle de Bavière 24,354 et 1,848 ; celle de l’Université de Goettingen 15,115 et 3,447. Le règlement du prêt intérieur en Allemagne date du 25 février 1924 ; un règlement commun des 30 mars et 5 mai 1925 règle le prêt hors de l’Allemagne. Ce prêt est une importante conquête de l’organisation des bibliothèques. Il permet aux travailleurs intellectuels, quelle que soit sa résidence (pourvu qu’il existe dan» celle-ci une bibliothèque d’État, régionale, universitaire ou de haute école ou institut) de se procurer sans frais de port ou d’emballage, sans voyages coûteux, tous les livres nécessaires à son travail, détenus par les bibliothèques d’Allemagne.

262.46 Locaux, installations, mobilier, outillage.

a) Les bibliothèques sont disposées dans des édifices spécialement aménagées à cet effet et contenant des installations et du mobilier appropriés.

b) Un édifice de bibliothèque doit être une construction libre de toutes parts, ou constituant une aile de bâtiment

  1. Les in-folio, à raison de leurs dimensions sont avantageusement conservés à plat. Lorsqu’ils sont dressés, les ouvrages voisins les pressent et les abîment. On a créé un type de meuble spécial pour conserver et lire les in-folios dans les petites bibliothèques (armoires des atlas)