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PRINCIPES GÉNÉRAUX


scruter à fond les divergences pour dégager les convergences ? 3° L’organisation se développera d’elle-même avec le temps sans qu’il soit nécessaire de la déterminer. Mais les esprits ont renoncé en tous domaines aux fatalités résignées pour présider directement eux-mêmes aux destinées. L’idée est lancée. Il est toujours temps de présenter de nouveaux arguments ou d’approfondir les premiers.

g) L’organisation de la Documentation est à réaliser à cinq degrés :

I. Livre et Document. — L’organisation de la multiplicité des données graphiques et intellectuelles pour en constituer l’unité du livre et du document. a) Livre particulier. b) Livre Universel (Encyclopédie).

II. Collection de Livres et de Documents. — L’organisation de la multiplicité des livres et des documents. a) Collections particulières (Bibliothèques, Hemerothèques, Iconothèques, Photothèques, etc.). b) Collections universelles : Bibliotheca Universalis, Iconographia Universalis.

III. Organismes ou Offices de Documentation. — a) Organismes spécialisés ou localisés. b) Organisme universel.

IV. Réseau Universel de Documentation. — a) Centre du Réseau. b) Station du Réseau.

V. Corrélation. — a) Avec le Travail intellectuel. b) Avec l’Organisation mondiale en général.

411.5 Des divers principes.

Sont à mettre en œuvre les principes : 1° unité ; 2° universalité ; 3° expansibilité ; 4° rationalisation, normalisation, standardisation ; 5° coopération ; 6° publicité ; 7° Sériation des efforts.

411.51 Unité (Complexité).

L’Unité consiste à concevoir comme un seul ensemble toute la Documentation et à tendre constamment à y ramener tout ce qui aurait tendance de s’en éloigner.

411.52 Universalité (Complétude).

L’organisation d’ensemble proposée embrasse les diverses espèces de documents, de collections et d’organismes aux quatre étapes suivantes :

1° Prototype universel (idéaux). La réflexion scientifique combinée avec l’invention établit à l’état théorique idéal ce qu’il est désirable que soit l’organisation dans son ensemble et dans ses parties. Elle crée ainsi sous chaque partie le Prototype Universel ayant un caractère purement idéal, et constamment susceptible de développement et de revision.

2° Les standards : par convention on établit pour tous les ordres de documents, collections et organismes, les standards et unités. Il y est procédé par recommandations, règles et conventions.

3° Les documents, collections et organismes, du type universel, se conforment aux standards arrêtés et se réalisant dans toutes les parties ou stations du Réseau Universel. Ces collections devraient être désignés par une nomenclature systématique avec termes internationaux (latin). Editio Universalis. Bibliographia Universalis. Bibliotheca Universalis. Atlas Universalis. Projectio Universalis. Encyclopedia Universalis. Museum Universale.

4° Collections et organes centraux et ensembles constitués d’une manière conventionnelle sous la direction d’organes centraux mettant en œuvre la coopération.

411.53 Expansibilité (règle). Méthodes universelles et applications particulières.

a) Les méthodes arrêtées sont expansibles. Elles se développent à divers degrés, mais à partir du degré supérieur, celui du maximum d’étendue et de complexité.

Chaque élément de la méthode et de l’organisation offre une échelle de degrés, allant du plus simple au plus complexe (très petit, petit, moyen, assez grand, très grand) « qui peut le plus peut le moins ». Des règles destinées à la documentation universelle ne se trouveront donc pas en défaut devant les nécessités de documentations particulières. Pour celles-ci chacun est libre de n’appliquer les méthodes et les règles que jusqu’à un tel degré de détail qu’il juge utile.

b) L’application de ces principes généraux donnent lieu aux observations suivantes : 1° Les règles catalographiques détaillées, comme il importe pour la description des ouvrages rares, les incunables par exemple, peuvent de réduction en réduction se limiter à deux lignes et même à une ligne. 2° La classification peut être simplifiée jusqu’à ne faire usage que de 1, 2 ou 3 chiffres, de n’employer certaines divisions communes (la langue par exemple) ou ne pas employer du tout de subdivisions communes, ou seulement 5, 3 ou même une décimale. 3° La forme matérielle des catalogues peut être celle de fiches en fort bristol ou se réduire s’il le faut à un catalogue imprimé ou manuscrit en volume. 4° Les ouvrages et articles seront analysés et il y a des règles à cet effet, mais on pourra s’abstenir de toutes notes analytiques, de contenu ou de critique. On pourra appliquer un système complet de duplicata et de références ou les limiter aux plus essentiels. 5° On pourra, dans l’organisation de la bibliothèque et des collections de documents eux-mêmes, disposer les pièces dans l’ordre strict de la classification, intercaler à leur place quand les ouvrages ont des références multiples, des cartons repérés en tel nombre qu’il est fait des fiches de références dans les catalogues ; on pourra même diviser une grande bibliothèque encyclopédique en sections correspondant aux principales divisions de la classification, de manière à rapprocher les travailleurs eux-mêmes des ouvrages et à leur donner libre accès aux rayons. On peut n’appliquer le principe du classement systématique sur les rayons qu’à la salle de lecture et y donner libre accès aux rayons, tandis que dans les maga-