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MÉTHODES

magne s’est manifestée par des systèmes qui, dans les divisions principales, étaient fondés souvent sur des considérations philosophiques assez vagues. L’Amérique s’est attachée surtout à adopter des dispositions pratiques et uniformes. Dans sa Bibliotheca bibliographica, parue à Leipzig en 1866, J. Petzholdt décrivait déjà, dans l’ordre chronologique de leur Création, 115 systèmes bibliographiques dont le premier remontait à 1347. Depuis cette époque, plus d’une soixantaine sont venus s’y ajouter.

Une certaine unité s’impose, ou tout au moins la superposition, aux systèmes particuliers, d’un système général auquel ils seraient tous rapportés et qu’on appliquerait chaque fois qu’il n’existerait pas de motifs impérieux de s’en écarter.

À côté des classifications bibliographiques, on a vu se former d’autres types de classification visant à des buts utilitaires. Ce sont d’abord les classifications des grandes expositions universelles. Depuis 1853 (Londres), date de la première d’entre elles, ces classifications ont été en se simplifiant, se détaillant et se coordonnant. Des esprits éminents y ont travaillé (par exemple : Le Play, en 1855). Dans la forme dernière que leur a donnée le Comité international des expositions, elles représentent le fruit de beaucoup d’expérience. Les classifications adoptées dans les grands musées ont été l’objet de soins spéciaux et il existe aujourd’hui des musées de tout. Il existe aussi des classifications d’une très grande importance pratique destinées au classement des brevets d’invention, au classement de la statistique (industries et professions), au classement des marchandises (tarifs et statistiques des douanes), à l’organisation des grands magasins, etc. Une mention leur est due dans cette brève revue de l’Histoire des classifications.

412.36 La Classification décimale.

a) Principe. — L’Institut International de Bibliographie est passé outre à ces difficultés que le temps seul pourrait aplanir. Pour les fins de l’Organisation de la Documentation, il a placé au-dessus de tout l’existence d’une classification qui soit universelle, standardisée et immédiatement formée, fût-elle même conventionnelle et incomplète en son expression. Il a élaboré, en deux éditions successives (1905 et 1927/29) une Classification pratique.

b) Caractéristique. — La Classification décimale répond aux dix caractéristiques de la définition suivante :

1° Classification systématique dans sa disposition et encyclopédique dans son contenu.
2° Notation décimale, dont les nombres se combinent entre eux selon certaines fonctions correspondant aux aspects fondamentaux des documents.
3° Classification exposée dans des Tables à doubles entrées, l’une méthodique et l’autre alphabétique.
4° Permettant à volonté une indexation sommaire ou détaillée.
5° D’application universelle à toutes espèces de documents et objets.
6° À toutes les collections ou parties d’un organisme documentaire.
7° Appropriée aux besoins de la science spéculative et à ceux de l’activité pratique.
8° Susceptible à la fois d’invariabilité et de développement illimité.
9° Instrument prenant place dans l’Organisation internationale de la Documentation.
10° La Documentation conçue elle-même comme base de l’Organisation mondiale du Travail intellectuel (voir Publication n° 51 de l’Institut International de Bibliographie).

c. Fondement. — L’unité de classification est indispensable pour mener à bien le travail documentaire. On avait élaboré jusqu’ici 170 classifications bibliographiques différentes. Or, aucune coopération n’est possible si chacun reste cantonné dans son système. Il a donc été nécessaire d’unifier le classement et de proposer l’adoption d’une Classification universelle, à la manière dont la Convention française conçut la nécessité d’un système universel de poids et mesures. En 1895 la première Conférence Bibliographique Internationale fit choix à cet effet de la Classification décimale en adoptant tout un plan pour son développement. En 1904 parut l’édition des tables développées.

L’édition toute nouvelle de la Classification décimale, publiée par l’Institut International de Bibliographie a été achevée en 1933. Elle comprend en ses tables méthodiques 66,000 divisions et dans son index alphabétique environ 40,000 mots. L’œuvre est comprise dans un volume de 1,153 pages à 2 ou 3 colonnes. La Classification décimale a reçu à ce jour les plus larges applications en relation avec le Répertoire Bibliographique Universel. Due à Melvil Dewey en sa forme initiale, elle est maintenant le résultat d’une vaste coopération dirigée par l’Institut, coopération volontaire et anonyme offrande de pensée et de travail à la communauté humaine.

Toutes les connaissances y sont représentées en leur cycle entier ; l’encyclopédie du savoir. Le principe en est très simple. Un classement alphabétique par mot matière est trop empirique pour satisfaire aux besoins de groupement et de système de la science. C’est l’éparpillement ; c’est la difficulté de manier les expressions complexes que l’on trouve dans la terminologie moderne de discipline telles que la médecine, la technique, les sciences sociales ; c’est surtout l’impossibilité d’asseoir la coopération internationale sur une base aussi étroitement nationale que les langues différentes pour chaque pays.

La Classification décimale, elle, se présente comme une vaste systématique des connaissances, sorte de « table de matières des tables de matières » de tous les traités et