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Page:Otlet - Traité de documentation, 1934.djvu/389

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ORGANISATION RATIONNELLE DU LIVRE

périodiques spéciaux. Mais comme il serait impossible de retrouver dans semblables classifications la place assignée à un sujet par rapport à un autre sujet, un numérotage marquant l’ordre, s’impose. Ce numérotage est décimal, ce qu’un exemple fera bien comprendre. Voici l’allotropie, elle sera classée ainsi :

5e classe      Sciences naturelles.
4e groupe      Chimie pure.
1re division      Théories chimiques.
7e subdivision      Allotropie
───────
soit : 541.7.

Ce nombre 541.7 est dit décimal car le savoir tout entier est constitué par l’unité, dont chaque science est une fraction, et chaque question particulière est une décimale d’un ordre plus ou moins subdivisé. Pour abréger, l’on a supprimé le zéro de la notation complète, qui serait 0.541.7, le zéro se serait répété devant tout nombre. Le nombre formé de chiffres, ici « cinq, quatre, un, sept » peut s’énoncer distinctement sous cette forme, ou encore en groupant les chiffres par tranche de trois comme au téléphone on les groupe par deux, soit en énonçant ainsi : « cinq-cent-quarante et un, sept », Le nombre demeure seul pour désigner un sujet, car on a laissé tomber naturellement les mots sous-entendus, et toujours les mêmes, de « classe, groupe, division et subdivision ».

La classification est encore dite décimale, par ce que c’est en dix classes puis, dans chacune d’elles, en dix groupes, ou moins puis dans chaque groupe en dix divisions ou moins que l’on répartit toutes les matières. Il suffira de traduire les mêmes tables dans toutes les langues pour que le même numéro 541.7 ait dans toutes la même signification ; il suffira de subdiviser ce nombre par de nouveaux chiffres décimaux, correspondant à des subdivisions de l’« allotropie » (soit L’isomerie, la tautomerie, la polymerie) pour suivre le développement scientifique futur dans toutes ses ramifications ; il suffira enfin d’inscrire ce nombre sur tout document, livre, brochure, article, notice bibliographique, pièce quelconque qui concerne l’allotropie pour assurer son classement suivi dans l’universalité des questions scientifiques.

L’index alphabétique de la table renvoie au numéro classificateur de chaque mot, comme l’index d’un livre renvoie aux pages. Et grâce à son indice le document se retrouvera avec la même facilité qu’un lieu désigné sur la sphère par des degrés de latitude et longitude.

À ce premier principe, très remarquable, de la classification décimale s’ajoute un second : la combinaison des nombres classificateurs entre eux chaque fois qu’il y a utilité d’exprimer une rubrique composée ou complexe. Voici la question de la Statistique 31 et celle des industries chimiques, 66.

Une convention admet que les nombres s’unissent par le simple signe : et l’on peut écrire. 31:66 Statistique des Industries chimiques.

Ceci marque la relation générale mais un sujet a aussi une situation dans l’espace et dans le temps. Il peut s’agir d’industries chimiques en France et ce limité a une période telle que le XIXe siècle (c’est-à-dire de 1800 à 1890). Le signe caractéristique des divisions de lieu étant la parenthèse et celui des divisions de temps les guillemets (doubles parenthèses) on pourra former l’indice composé 31:66 (44) « 18 » Statistique des Industries chimiques en France au XIXe siècle.

Soit une expression de quatre nombres formés ensemble de 8 chiffres séparés par trois signes caractéristiques pour exprimer, en fonction de l’universalité du savoir, quatre rubriques subordonnées, exprimées en écriture courante par 53 lettres. Comme tous les termes de ces nombres sont réversibles, ils peuvent servir sans difficulté à un classement géographique ou chronologique aussi bien qu’idéologique. On dira par exemple :

(44) 31:66 « 18 » France-statistique — industrie chimique XIXe Siècle (classement à base de lieu).

« 18 » (44) 31:66, XIXe Siècle, France-statistique-industrie chimique (classement à base de temps).

Les subdivisions expliquées ici, de la relation et de la situation (lieu et temps) des rubriques peuvent être complétées selon le cas par des subdivisions de documentation, relative à la forme et à la langue du document (par exemple : revue, en italien). Enfin ou aura des subdivisions communes à toutes les parties d’une science en même à toutes les industries pour exprimer certains points de vue, certaines questions que l’on retrouve dans plusieurs : par exemple : Composition des corps, propriété, préparation, serait exprimé par le numéro 02,03,05 ajoutés à n’importe quel corps chimique.

Par exemple 546.52 Thallium.
546.52.02 composition du Thallium.
546.22 Soufre.
546.22.02 composition du Soufre.
546.22.05 préparation du Soufre.

En vertu de la loi des combinaisons et des permutations, les tables de classification existantes permettent de former à volonté des millions de nombres classificateurs composés. De même que la numération arithmétique ne nous donne pas tous les nombres déjà formés, mais nous procure le moyen de les former quand nous en avons besoin ; de même la classification nous fournit le moyen de créer des nombres classificateurs au fur et à mesure que les documentations arrangées nous présentent des rubriques composées à traduire en notation chiffrée.

5. Progrès en voie de réalisation.

La Classification décimale va sans cesse en se perfectionnant, grâce au principe de la décimalisation mis en œuvre par la collaboration aujourd’hui déjà fort étendue de spécialistes de tous pays.

Parallèlement se poursuit l’élaboration : a) d’une structure synthétique des sciences (logique et méthodique) ;