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LOCAUX. ARCHITECTURE

misée, (verre mat ou abat-jour), ou gaz avec bec à incandescence. La meilleure lumière est l’électricité : le gaz endommage les livres. — Arranger les tables des lecteurs de manière qu’elles reçoivent le maximum de lumière sur toute leur surface. La lumière venant de gauche ou d’en haut est la meilleure. Éviter que l’ombre d’un lecteur soit projetée sur la place occupée par un autre lecteur. Laisser assez de place pour que les lecteurs, en passant, ne dérangent personne. — Éviter de placer les rayons à contre-jour. Quand la lumière vient de côté, les rayons doivent être placés le long des murs ; si la lumière vient d’en haut, on peut les placer en alcôve ou perpendiculairement aux murs. Des rideaux doivent intercepter les rayons du soleil trop fort,

7. Le Chauffage et l’Aération. Précautions contre l’incendie, la poussière, l’air trop sec. Température élevée préjudiciable au travailleur intellectuel (18° maximum). Le chauffage par radiateurs à eau chaude est le meilleur. Les feux ouverts sont dommageables pour les livres.

L’aération se fait par les fenêtres pour les salles occupées par les personnes. Trous d’aérage et ventilateurs électriques. On a construit récemment des magasins hermétiquement clos, dont l’air est renouvelé seulement par des ventilateurs (envoi d’air purifié de toute poussière.)

8. Nettoyage. — Précautions contre la poussière. Avantages des aspirateurs de poussière par le vide. (Voir n° 273.)

415 Personnel de la Documentation.

a) Aux diverses branches de la documentation, à ses différents stades et moments, est attaché un personnel nombreux et excessivement spécialisé, depuis l’écrivain, l’imprimeur et l’éditeur jusqu’au libraire, au bibliothécaire, aux agents des Offices de documentation. Parmi ces personnes on pourrait même ranger les usagers de la documentation, les lecteurs et ceux qui se livrent à des consultations et à des recherches.

b) La terminologie est en retard sur les faits. On avait besoin d’un terme générique exprimant toutes les catégories de personnes qui ont intérêt aux livres et aux documents. On a essayé le néologisme de « Documentateur » ou « Documentaliste ». Il y a diverses manières de s’occuper du livre et il faudrait pouvoir les désigner chacune en particulier et toutes en général. Le cas est analogue à celui de l’art dont il est diverses manières de s’occuper : artistes et artisans (créateurs, interprètes, copistes) ; critiques et experts ; amateurs, connaisseurs, collectionneurs ; mécènes et protecteurs ; marchands, antiquaires, éditeurs d’art, directeurs de spectacles, impressario ; il y a aussi les pouvoirs publics, hauts protecteurs.

c) Il a été question précédemment de diverses catégories de personnes en rapport avec le livre. On se limitera ici au Bibliothécaire, ce qui en est dit pourrait largement s’étendre à d’autres catégories.

415.1 Le Bibliothécaire.

1. Conception de la fonction. — Le Bibliothécaire a pour fonction d’organiser et d’administrer la Bibliothèque. Le Bibliothécaire est une combinaison d’éducateur, d’homme d’étude, d’homme d’œuvre, d’administrateur, d’organisateur. Le but suprême qu’il doit se proposer c’est de faire connaître les possibilités du livre. Le Bibliothécaire sera animé d’un triple esprit : 1° L’esprit qui anime l’intellectuel : se souvenir constamment que le livre et, par conséquent, la Bibliothèque, relève du domaine des forces scientifiques, esthétiques, morales, spirituelles. 2° L’esprit technique : faire que toute action, toute opération, soit effectuée sans cesse avec le maximum de technicité selon les meilleures méthodes, avec la meilleure matière, le meilleur outillage, le meilleur personnel, afin d’atteindre le maximum de rendement. 3° L’esprit social : rendre sensible et présente la préoccupation sociale, vouloir l’utilité pour le grand nombre, travailler à l’amélioration de la société.

Le chef d’une bibliothèque est aidé de collaborateurs : Bibliothécaire-adjoint, rédacteurs, copistes, gens de service.

2. Qualités requises du bibliothécaire. — Le Bibliothécaire aura une culture générale sérieuse et une formation professionnelle. Il aura des qualités morales notamment le tact, un bon tempérament qui dérive en grande partie d’une bonne santé, entretenue hygiéniquement, la patience, l’initiative, l’ordre, la méthode, l’exactitude, la mémoire, le désintéressement.

Toutes les qualités générales requises par un travail intellectuel sont demandés au Bibliothécaire : l’attitude résolue ; être décidé à réussir, à triompher des difficultés. — La persévérance : achever ce qu’on a commencé. — La continuité : l’uniformité dans les efforts, la régularité. — La concentration dans le travail. — L’enthousiasme qui n’est autre chose que l’intérêt intensifié ; le « feu sacré ». — L’ambition : désirer intensément atteindre un résultat c’est se rapprocher du résultat. — La largeur de vue : tolérance, curiosité intellectuelle, désir de progrès.

Le Bibliothécaire remplira son rôle social en faisant remplir pleinement sa fonction à la Bibliothèque elle-même. Il sera un agent actif de la culture intellectuelle dans son milieu. Il aura l’amour de son métier et sera l’auxiliaire de la science, le « Servus Servorum Scientiæ ». Le » Serviteur des Serviteurs de la Science ». Il aura aussi l’amour du progrès de sa Bibliothèque : enrichir toujours ses collections, perfectionner leur agencement, les faire connaître, les faire utiliser.

3. Formation professionnelle. — Le Bibliothécaire acquerra une formation professionnelle. Ce sera le résultat de la fréquentation d’un cours de bibliothèque, d’exercices pratiques, éventuellement d’un stage, et toujours de lectures. La formation une fois commencée, le Bibliothécaire aura à la continuer indéfiniment car il aura à se perfectionner et à se tenir au courant.