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Page:Otlet - Traité de documentation, 1934.djvu/401

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ORGANISATION RATIONNELLE DU LIVRE

Le Bibliothécaire suivra le mouvement universel en faveur des bibliothèques. Il suivra ce mouvement dans son pays, mais aussi dans le monde entier, là surtout où ce mouvement est le plus intense, notamment en Amérique, en Angleterre, en Italie, en France, en Allemagne, dans les Pays Scandinaves, en Hollande et en Suisse. Il aura à cœur que son pays profite de l’expérience universelle, qu’il ne soit pas en retard sur l’étranger, qu’il apporte, lui aussi sa contribution au progrès général.

4. Connaissances du Bibliothécaire. — Le Bibliothécaire doit être un érudit. Quel programme d’étude lui assigner sinon celui d’approfondir et développer le programme scolaire, collégiaire, universitaire lui-même. Il doit avoir des notions étendues d’histoire (les événements dans le temps), de géographie (les choses dans l’espace), de sciences (la réalité même en ses trois divisions : la Nature, l’Homme, la Société), de littérature et d’art (ils expriment les impressions, émotions, réactions humaines au contact des choses et des idées). Le Bibliothécaire doit avoir une idée des applications des sciences à la vie pratique et ne pas être incapable de s’élever jusqu’à la compréhension des grandes synthèses philosophiques. Le Bibliothécaire doit être un encyclopédiste ; il doit s’intéresser à l’ensemble des connaissances humaines. Dans une société au travail intellectuel spécialisé comme la nôtre, la Bibliothèque, avec l’École et l’Université, est la seule Institution qui présente l’ensemble des connaissances et qui se préoccupe de leurs liaisons.

5. Travaux du Bibliothécaire. — Le Bibliothécaire saura « travailler ». La conception du travail s’est modifiée en ces dernières années sous l’empire de certaines idées : organisation, sériation et division du travail, efficacité, rendement maximum (efficiency). Le travail intellectuel, après le travail manuel, a été influencé graduellement par ces mêmes préoccupations

Le Bibliothécaire doit lire. Sans doute cette lecture ne doit être faite au détriment de ses fonctions qui ont à s’exercer dans l’intérêt des lecteurs. Le Bibliothécaire est tout d’abord un agent chargé de faire fonctionner un service et ses fonctions ne doivent pas être conçues par lui comme une sinécure, une retraite intellectuelle. Mais cette réserve faite, il doit lui-même donner l’exemple de l’étude et de la lecture.

6. Assistance au lecteur et au chercheur. — Le Bibliothécaire, en tous temps, prêtera assistance au lecteur, surtout au lecteur inexpérimenté. Afin d’être le plus utile, il s’efforcera de bien connaître l’état intellectuel et les besoins du milieu où la bibliothèque est placée. Une distinction sera faite entre l’assistance intellectuelle et l’assistance morale. La première consiste à aider le lecteur à mieux se diriger vers ce qu’il cherche réellement. La seconde tend à se substituer à lui dans sa direction morale et à l’influencer dans un certain sens. — Le personnel des bibliothèques publiques donnera sa pleine assistance intellectuelle, technique, mais s’abstiendra de toute assistance morale qui pourrait porter ombrage à la liberté de conscience du lecteur ou transformer la bibliothèque en auxiliaire de propagande politique, philosophique ou religieuse. Une bibliothèque publique doit être essentiellement une institution impartiale et neutre.

7. Devoir scientifique du Bibliothécaire. — Toutes les professions, des plus humbles aux plus élevées, ont un double devoir scientifique. 1° La pratique de chacun de ceux qui les exercent doit s’appuyer sur la science qui fonde la profession. 2° Chacun aussi doit s’efforcer d’apporter, à la science commune, une contribution d’observation, de réflexion, d’expérience, d’invention. Une conception scientifique de la profession élève et agrandit ; elle fait sortir de l’isolement et « socialise » l’intelligence.

416 Opérations.

a) Les opérations relatives aux Livres et aux Documents s’enchaînent et forment un cycle ; les unes conduisant à la préparation des travaux (manuscrits) et à leur publication, les autres intervenant après que l’œuvre est née, qu’elle a revêtu les conditions nécessaires à son existence individuelle. Ce sont les opérations nécessaires à sa diffusion et à son incorporation dans le total de la Documentation, l’Encyclopédie ou le Livre Universel.

b) Il est opportun de considérer dans leur ensemble les diverses opérations et manipulations auxquelles donnent lieu l’élaboration du document. Tout progrès réalisé sur quelque point peut avantageusement retentir sur les autres.

c) Les services à assurer internationalement pour les travailleurs intellectuels et le public en général sont les suivants : 1° vente des ouvrages ; 2° communication et prêt des ouvrages ; 3° fournitures de renseignements bibliographiques ; 4° fournitures d’analyse et résumé ; 5° fournitures de reproductions de documents (copies manuscrites, dactylographiques, photoscopiques) ; 6° traductions des documents ; 7° fournitures de rapports de mise au point.


417 Autres facteurs d’organisation.

Parmi les autres facteurs d’organisation il y a à ranger la finance, les conventions, la réglementation.

1. Finance. — Chaque organisme, chaque travail se développe dans le milieu économique de la société. Il y a donc lieu à financement c’est-à-dire à disposition de moyen d’argent nécessaire pour payer personnel, matières et premier établissement.

Les conditions de financement sont particulières à chacun. Mais il serait désirable de voir constituer un Fonds mondial pour subvenir aux insuffisances de fonds spéciaux et leur assurer des compléments en vue de dispositions et tâches onéreuses nécessitées par l’organisation internationale.

2. Convention. — C’est par une Convention générale,