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ORGANISATION RATIONNELLE DU LIVRE

ont d’essentiel et de fondamental, introduction ou conclusion de toutes recherches s’étendant par la bibliographie à toutes les autres sources du savoir, confrontation générale à une commune mesure étalonnée et standardisée exprimant le meilleur de la Pensée commune, cerveau collectif dans les pages imprimées duquel viendraient se fixer la mémoire commune et la conscience intellectuelle de l’humanité, viendrait se refléter l’image constamment mobile du Monde.

Si les Associations Internationales ayant potentialité de produire sont 400, les Bibliothèques ayant potentialité de consommer, (donc d’acheter, de souscrire) sont bien plus de 1,000 dans les soixante nations qui se partagent les deux milliards d’humains. Relier les Associations par l’intermédiaire A au Réseau des Bibliothèques suffit théoriquement pour assurer la réalisation de B.

Mais un tel plan aussi viendrait donner l’impulsion la plus vive à l’Édition commerciale. Car les établissements privés d’Édition, groupe C, seraient invités à participer à l’œuvre. Tous les acheteurs particuliers leur seraient laissés. C’est-à-dire tout le tirage qui dépasserait les 1,000 exemplaires de base, à répartir, eux, systématiquement entre les Bibliothèques formant réseau. Et ce tirage pourrait être considérable pour certaines parties. D’autre part, la production solidement appuyée partout sur l’armature solide du système de l’Encyclopédie, serait d’un coup portée à un niveau supérieur. Des ouvrages particuliers verraient le jour, reliés par de multiples connexions au système entier, et ce serait là tout bénéfice pour l’Édition commerciale.

De son côté enfin, l’Édition d’État (désignons-la par D), mieux organisée elle-même, l’aiderait comme elle aidera l’Édition mondiale. Nous entendons par là que les publications des Gouvernements, de leurs Administrations, des Corps officiels auraient à recevoir elles-mêmes un plan de publication et à constituer, pour chaque pays, une collection cohérente et continue.

421.3 Distribution des livres et Documents.

Un système international devrait être établi qui mette des exemplaires des travaux originaux à la portée de toute bibliothèque, de tout laboratoire même très éloigné de grands centres. Ce système serait le complément logique de la bibliographie. Alors seulement, tous les travailleurs scientifiques seraient assurés de travailler à une même œuvre commune et cela à l’aide des mêmes matériaux et des mêmes instruments de travail. C’était l’idée première des échanges internationaux. Elle a dévié, mais elle serait à reprendre sur les bases suivantes :[1]

1° Le service serait établi en liaison avec le Centre International de Bibliographie et son Répertoire et avec le Service International des Échanges qu’il y a lieu de doter d’un Office central de distribution.

2° Il serait dressé d’une part une liste des publications, d’autre part une liste des bibliothèques, des instituts et des laboratoires, publications et organismes faisant partie du Réseau Universel de Documentation.

3° Un fonds financier mondial (qui devrait être constitué pour pourvoir aux divers services scientifiques d’utilité internationale) devrait intervenir pour fournir les compensations nécessaires aux publications. Les exemplaires en nombre voulu seraient ou distribués directement ou réunis aux services locaux d’échange, ou envoyés au Bureau central des Échanges. Celui-ci contrôlera tous les envois. [2]

4° À défaut de l’envoi des publications elles-mêmes, le service en procurerait les photocopies.

5° La publication dans certains cas pourrait être complétée par le dépôt au Bureau central d’un exemplaire manuscrit original. Ce dépôt vaudrait publication (publicité). Il serait annoncé dans les bibliographies. Il en serait donné reçu éventuellement avec copie photographique annexée (microphotos). (V. Projet du Science Institut) de Washington.

422 Les Ensembles : Collections, catalogues et services
(2e échelon de l’Organisation)
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422.0 Généralité.

a) Avec les livres et les documents considérés comme autant d’unités, on forme des ensembles : collections, catalogues et services. C’est le deuxième échelon de l’organisation.

b) Il y a lieu de constituer les collections en système mondial.

En principe, le système s’étendra aux grandes catégories de collections : 1° Livres (Bibliothèques). 2° Revues (Périodicothèque). 3° Journaux (Hémérothèque). 4° Documents officiels. 5° Brevets. 6° Manuscrits. 7° Cartes et plans (Mappothèques). 8° Images, estampes, dessins, photographies (Iconothèque). 9° Archives administratives. 10° Archives documentaires (extraits, découpures, encyclopédie documentaire). 11° Collections de modèles graphiques (technique du Livre). 12° Collections de spécimens de journaux et de périodiques. 13° Catalogue des notices et des catalogues commerciaux. 14° Disques, livre sonore (Discothèque). 15° Films (Cinémathèque). 16° Objets, modèles, échantillons, œuvres d’art (Musée : Stéréothèque).

c) Réseau des grands organismes. Le réseau général se divise en autant de réseaux que d’espèces d’organismes déterminant les espèces de collections.

  1. Voir la réponse du Prof. Strohl à l’Enquête de l’Institut International de Coopération Intellectuelle. 1933.
  2. Voir à ce sujet les propositions du Prof. Mraie.