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LE MUNDANEUM

425.12 Le Mundaneum.

1. DÉFINITIONS.

Le Mundaneum, centre scientifique, documentaire, éducatif et social, se développe en trois directions : comme Idée, comme Institution et comme Corps physique de collections et de services.[1]

A. L’Idée : C’est la conception que, le monde étant reconnu un et interdépendant en toutes ses parties il faut maintenant chercher à l’observer et à comprendre cette unité, en déduire et faire connaître les conséquences pratiques pour la conduite individuelle et collective. Parallèlement à la multiplicité des sciences particulières, spécialisées et analytiques, est nécessaire une science générale, encyclopédique et synthétique ; parallèlement à la multiplicité des organisations, des constitutions et des plans particuliers, sont nécessaires une Organisation, une Constitution et un Plan mondial. Ainsi, la pensée de chacun pourra atteindre la conception du Tout ; l’humanisme poursuivi par l’éducation pourra devenir le bien de tous ; la civilisation devenant universelle et dirigée par des moyens rationnels, pourra enfin opposer victorieusement aux horreurs et aux confusions de la crise, de la guerre et de la révolution l’idéal et le bien de la prospérité, de la paix, de la justice et de l’ascension des hommes vers une plus haute destinée,

B. L’Institution : C’est un libre groupement des forces de l’esprit, une fédération d’organismes, une Union d’Associations nationales et internationales. Celles-ci conservent chacune leur autonomie mais pour la grande coopération intellectuelle, elles se rejoignent par les liens, soit de l’adhésion formelle en qualité de membre, soit d’accords précis formant convention, soit de la simple sympathie exprimée à raison de la communauté des buts et des efforts.

C. Le Corps physique : C’est l’ensemble des collections et des services destinés à être à la fois un résultat et un moyen des efforts, un Trésor et un instrument. Ils se groupent en devenir dans les cinq structures que les fonctions collectives ont déjà créées ou cours de l’évolution intellectuelle, mais jusqu’ici séparément et localement et qu’il s’agit à la fois d’unir entr’elles et d’élever au degré mondial, à savoir : la Recherche avec séminaire et laboratoire ; la Documentation avec Bibliothèque, Bibliographie et Archives encyclopédiques ; l’Enseignement avec cours, conférences, semaines et quinzaines, formes d’Université ; les Congrès avec assemblées et commissions.

Cet ensemble vaste et complexe a été conçu et sa réalisation commencée selon les principes de totalité, simultanéité, gratuité, volontarité, universalité et mondialité.

Évidemment il faut des décades pour qu’une telle œuvre arrive à suffisance de réalisation pour que sans conteste tous puissent la reconnaître et l’utiliser. En ce moment elle peut déjà offrir le faisceau de ceux qui la reconnaissent et qui l’aident : individualités éclairées et estimées ; associations d’avant-garde, gouvernements soucieux de progrès général ; la Société des Nations vouée en principe à des objectifs similaires mais appelée à les atteindre par les voies administratives et officielles.

2. HISTORIQUE.

L’œuvre du « Mundaneum » remonte à 1895. C’est alors que fut fondé l’Institut International de Bibliographie, avec le but d’élaborer le Répertoire Bibliographique Universel. Ce fut la première création internationale d’ordre purement scientifique qui se proposât d’élaborer en collaboration un travail continu et d’en faire une propriété commune qui n’appartienne à aucune nation.

En 1898 furent jetés les premiers fondements de la Bibliothèque internationale, en 1907 ceux de l’Union des Associations Internationales définitivement fondée en 1910, au moment où se tint le premier Congrès mondial. Cette même année fut institué le Musée mondial.

Survint la guerre qui interrompit tout développement et plaça l’œuvre entière dans des conditions fort critiques. Des travaux furent cependant poursuivis en Hollande et en Suisse et, sous les auspices de l’Union, parurent en 1914. 1916, 1918, des travaux fondamentaux sur les événements considérés au point de vue international et sur l’organisation qu’il était désirable de voir donner aux rapports entre peuples sous le nom de Société des Nations.

En 1920, immédiatement après la guerre les Associations internationales firent un grand effort d’organisation et de coopération concentrant des œuvres existantes, en créant de nouvelles. Elles installèrent alors le centre intellectuel dans un vaste édifice provisoire mis généreusement à leur disposition par le Gouvernement belge, comprenant cent salles et couvrant environ un hectare. À ce moment fut créée l’Université Internationale.

En 1921 se tint nu Palais mondial le Congrès international des Travailleurs intellectuels et, sur le plan qu’il arrêta, furent immédiatement poursuivies les négociations déjà engagées avec la Société des Nations, en vue de voir créer dans son sein, en coopération avec les Associations internationales, une organisation générale du travail intellectuel. Ce fut l’origine de la Commission de coopération intellectuelle.

En août 1922, des délégués officiels de vingt gouvernements arrêtèrent le salut érigeant le centre de Bruxelles en Fondation Internationale. En 1924, le Gouvernement belge reprit la disposition des locaux concédés pour les affecter à une destination d’ordre commercial. Après deux ans, un nouveau gouvernement consacra à nouveau

  1. Sur le Mundaneum, voir les publications 116, 124, 128, 134 et 144 de l’Union des Associations Internationales.