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BIBLIOLOGIE

celle des sceaux. Le déchiffrement des inscriptions tracées sur les monuments, les vases et les médailles relève de l’Épigraphie. b) La paléographie est une partie de la Diplomatique, au sens large, celle qui consiste au déchiffrement du texte, la diplomatique proprement dite ayant son objet d’analyser les textes, d’en déterminer la valeur, la critique et le classement des monuments écrits. À la paléographie appartient donc toute la partie pour ainsi dire extérieure de ces monuments, leur description, l’examen des substances sur lesquelles l’écriture est tracée, celui des matières qui ont servi à tracer l’écriture, des formes des lettres, des abréviations, des sigles, des signatures, des monogrammes, etc. Toutes ces choses peuvent fournir des indices sur l’âge du document examiné, en même temps que le déchiffrement, dernier but de cette minutieuse étude, en découvre le sens.

3. Au point de vue de l’évolution continue du livre, du document, des signes, de l’écriture, des substances et des encres il y a un intérêt réel à ne pas traiter séparément de la graphie « ancienne » (paléographie) et de la graphie moderne (technique du livre). La seconde continue la première et peut trouver en elle bien des éléments arrêtés dans leur développement par les circonstances, mais susceptibles de larges utilisations.

4. Histoire. — La Paléographie est relativement récente. Avant le XVIIe siècle et les premiers travaux des bénédictins, on n’en possédait même pas les premiers éléments : quelques rares érudits, depuis la Renaissance, s’étaient appliqués au déchiffrement des manuscrits et des diplômes ; mais leurs efforts restaient isolés et leur science personnelle. Les archivistes même des abbayes considéraient comme indéchiffrables les textes d’écriture mérovingienne dont les dépôts renfermaient les plus précieux spécimens. Ils consignaient naïvement en note leur complète ignorance. Ainsi se perdirent beaucoup de manuscrits considérés comme uniques. Le Père Papebroeck entreprit au XVIIe siècle de recueillir les quelques règles éparses qui pouvaient servir aux premiers éléments de paléographie ; il les consigna dans la préface du tome II (avril) des Acta Sanctorum et cet informe essai donna à Mabillon l’idée de son célèbre traité De re diplomatica (1681, in fol.). Montfaucon composa une Paléographie grecque (1708, in fol.) donnant les renseignements les plus utiles. Les grands travaux ont été complétés jusqu’à nos jours notamment par Kopp Paleographia Critica (Mannheim 1817, 4 vol. in-8o) ; Natalis de Wailly, Éléments de Paléographie (Paris. 1838, 2 vol. gr. in-4o) ; A. Chassant Paléographie des chartes et des manuscrits du XIe au XVIIe siècle (1847. in-8o), etc.

5. Le déchiffrement. — Le déchiffrement des écritures anciennes rencontre quatre ordres de difficultés : 1o La signification des caractères par rapport à la langue employée ; 2o la détermination des caractères employés ; 3o la forme des lettres à distinguer les unes des autres ; 4o les abréviations ; 5o les signes abréviatifs et les monogrammes.

6. Forme des écritures anciennes. — L’écriture cursive des Grecs était difficile à déchiffrer étant fort irrégulière : les lettres sont inégales, les plus petites sont enclavées dans les grandes, plusieurs sont tout à fait défectueuses et l’absence de tout signe de ponctuation, les mots coupés arbitrairement à la fin des lignes. L’écriture cursive des Romains est plus indéchiffrable encore : elle a un bel aspect, les traits sont élégants et variés, mais il faut la plus grande attention pour isoler les lettres les unes des autres à cause des liaisons, des traits parasites et de la position excessivement inclinée des caractères. Les liaisons des lettres concourent dans une certaine mesure à leur formation et les rendent méconnaissables en les faisant varier à l’infini. De plus, comme dans la capitale, il n’y a aucune séparation entre les mots.

222.152 GRAPHOLOGIE.

1. La graphologie tend à devenir une science exacte, dégagée maintenant des prétendues sciences divinatoires. C’est une méthode précieuse d’études du caractère humain. L’écriture est un geste social qui a pour but de communiquer la pensée. Appris par l’imitation, il devient rapidement individuel. La graphologie considère l’écriture comme une succession de petits gestes individuels. Après de très longs et très persévérants efforts (le premier essai d’étude de l’écriture date de 1622), elle est parvenue à classer méthodiquement tous ces mouvements. Une méthode rationnelle, expérimentale, par conséquent scientifique, est actuellement constituée. Le graphologue devient un collaborateur du médecin, de l’éducateur, du juge, du chef d’industrie. Le Collège Libre des Sciences Sociales de France a institué un cours de graphologie. On l’enseigne à l’École de Chartes de Bucarest. Un Congrès international de graphologie, le deuxième, s’est tenu en 1928 à Paris et fut présidé par le professeur Pierre Janet.

2. La graphologie est la science qui permet, par un examen méthodique et approfondi de l’écriture, de pénétrer le secret des caractères avec leur complexité, leurs contradictions, leurs tares. L’écriture, en effet, est révélatrice avec ses mille formes, ses mille manières, ses combinaisons variant à l’infini, enregistrement direct de ces petits gestes non surveillés que le cerveau transmet automatiquement à la main et qui dévoilent l’être intime.

3. L’écriture est étudié tour à tour comme moyen et comme objet d’identification. On voit la personnalité humaine à travers l’écriture comme derrière un voile troué, qui masque presque entièrement certains faits et en révèle d’autres au contraire assez bien. (F. Michaud)

4. Comme il est incontestable dit le Dr Héricourt, que les caractères de la personnalité se dessinent sur le visage, il y a d’autres mouvements, comme ceux du geste, dont l’étude porte un égal intérêt. Personne d’ailleurs ne conteste la valeur de l’allure en général, quand il s’agit de reconnaître une personne dont on ne voit pas les traits.