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ÉLÉMENTS GRAPHIQUES

multiplicité des textes que la plupart de nos occupations ou de nos délassements nous contraignent à lire. L’imprimé, le livre, la revue, le journal, indispensables à notre existence, doivent donc apporter des soins spéciaux et ne pas augmenter cette fatigue. Il faut imprimer avec des caractères bien étudiés pour faire de la lecture un agrément et un repos pour les yeux.[1]

Il faut s’élever contre les caractères difficiles à lire. Les caractères doivent être simples et clairs. Pourquoi, lorsqu’il s’agit d’une indication qui doit servir à la communication avec autrui, créer une difficulté.

L’écriture cursive va se différenciant de l’écriture typographique. La condition de l’écriture cursive, c’est la rapidité, qui exige des liaisons ; celle-ci rend l’écriture moins nette. La lettre typographique servant de matrice à des milliards de reproduction, peut être d’une fabrication lente et viser a la parfaite netteté.

La lettre du point de vue typographique a fait l’objet de sérieuses études physiologiques (citons entr’autres celles du Dr Javal). Il faudra en tenir compte dans l’évolution future.

5. Les catalogues de fonderies présentent des modèles remarquables en variétés. Les nouveaux catalogues de types de caractères allemands donnent par ex. les types suivants : la Mainz Fraktur ; l’Ausburger Schrift, tendant vers la latine ; la Secession-Grotesk ; l’Antiqua (Bremen) ; la Cursiv (Hinci) italique ; les écritures calligraphiques ; Neu-Deutsch ; Grasset Antiqua ; Renaissance Antiqua ; Romische Antiqua ; Moderne Grotesk ; Wandmalereien ; Baldur ; Antiken ; Behrenschrift, etc.

Les catalogues français donnent, par ex., les catégories suivantes : allongées, alsaciennes, antiques, antiques allongées, antiques grasses, classiques, égyptiennes, italiennes, latines, blanches, ombrées, maigrettes, anglaises, ronde bâtarde, gothique.

6. Il existe aujourd’hui toute une industrie de la fonderie des caractères. Tandis que les machines à fondre les caractères ne donnaient que 3.000 lettres à l’heure, la Wick Rotations machine en produit 60.000 tout ébarbés et prêtes à être mises en paquets. Le brevet américain fut payé £ 250.000. La machine est surveillée par un homme et un gamin. Elle a été inventé par Frederick Wicks, de Glasgow, simple écrivain et journaliste qui chercha à supprimer le travail de redistribution des textes. La Monotype a repris l’idée sous une autre forme. Elle aussi composant chaque jour sur caractères neufs, évite la redistribution.

7. La durée des caractères dépend de la composition du métal. Des corps 7 et 8 ont souvent reçu deux millions d’impressions lisibles dans les journaux ; la normale est un million, et mainte imprimerie rejette le petit type après 300.000. Pour les travaux courants et les ouvrages soignés, la limite doit être fixée beaucoup plus bas.

222.16 Les systèmes spéciaux d’écriture.

Parmi les systèmes spéciaux et les modalités de l’écriture, il y a lieu de considérer : 1o l’idéographie, 2o la sténographie, 3o la cryptographie, 4o l’écriture des aveugles, 5o l’écriture médiumnique ou spirite ; 6o l’écriture Morse.

222.161 L’IDÉOGRAPHIE.

On entend par idéographie des signes qui expriment directement l’idée et non les sons du mot qui représenterait cette idée : les chiffres arithmétiques sont de véritables idéogrammes.

Tandis que les Chinois abandonnent l’idéographie et adoptent notre alphabet, voila que l’Occident lui reconnaît des avantages et fait des essais pour y revenir.

En apprenant l’écriture et l’orthographe, on n’apprend guère de notions ; et la communication de peuple à peuple reconnaît les obstacles de la langue.

Les néoglyphes, la nouvelle écriture mondiale du Prof. Alex. Sommer-Batek (Prague).

222.162 STÉNOGRAPHIE.

1. Notion. — La sténographie est l’art d’écrire rapidement en abréviations, d’écrire aussi promptement que la parole. Elle a d’abord été dénommée « brachygraphie » et « tachygraphie » ; les Anglais lui ont donné le nom de « shorthand », c’est-à-dire main brève ou courte écriture.

L’art sténographique est une des plus précieuses inventions du XIXe siècle.

Dans l’état actuel de la sténographie, des vitesses de 200, 240 et 250 mots à la minute ne sont pas impossibles (en anglais).

2. L’histoire de la sténographie remonte à l’antiquité. Les Hébreux l’avaient connue, les Grecs en faisaient usage, elle était courante à Rome. Cicéron écrivait par signes inventés par Ennius et qu’il apprit à son affranchi Tiron. Celui-ci les perfectionna (notes tironiennes). L’enseignement s’en répandit et ce devint courant pour les particuliers d’avoir un esclave ou un affranchi qui écrivait à la volée. On les appela d’abord en grec tacheographi, en latin cursores, coureurs à cause de la rapidité avec laquelle ils traçaient les discours. Ces cursores ont été appelés depuis notarii, à cause des notes dont ils se servaient. Le moyen âge a connu la sténographie.

3. En sténographie on supprime tous les accessoires de l’écriture, tout ce que les organes vocaux n’articulent pas, ou ce qui n’est pas perçu par l’oreille. Il n’est pas tenu compte de l’orthographie. On supprime même les simples voyelles. On se sert en outre de signes simplifiés.

  1. Voir les récentes études de la « Linotype » et de son caractère Ionic, qui apporte, avec plus de clarté et de soutien pour l’œil, une capacité de 13 % de texte en plus, sur moins de papier.