Aller au contenu

Page:Ourliac - Nouvelles.djvu/157

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vaient me permettre de m’introduire plus facilement…

Mon père poussa un profond soupir.

— J’arrive à l’hôtel, j’y avais trouvé la première fois des gens dont les manœuvres ne pouvaient appartenir qu’à la police ; cette fois on emploie la force ouverte : je trouve un détachement de gendarmerie rangé devant la porte, un détachement, Giusep ! contre un seul homme ! tant la peur de la vérité…

— Mais, mon cher Thibault…

— La force armée, Giusep ! je te l’atteste ; on me fit signe de ne point avancer, on me repousse, on ne veut point seulement que j’approche ; je n’en tiens pas compte, je m’adresse à l’officier : Eh quoi ! messieurs, lui dis-je, des soldats français ! en si grand nombre ! contre un homme sans armes ! Je lui expose l’objet de ma démarche ; mais l’obéissance passive aveugle ces militaires, ils me repoussent encore, ils me menacent…

— Mais, mon cher Thibault, il ne s’agissait point de toi, tu sais ce qui se passe…

— J’étais seul dans la rue, tout seul ! Oui, je sais ce qui se passe, et je sais aussi ce que j’en dois penser ; mais laisse-moi finir : Je n’étais pas au bout de la rue que j’entends des cris, du tumulte, enfin des coups de feu, des coups de feu, mon ami ! La bravade n’est pas du courage : je prends la fuite… dans l’état que tu peux imaginer, les sens troublés, le cœur palpitant, l’esprit confondu de ce procédé inouï. J’accours ici pour te faire part de ce qui m’arrive, tu étais absent…

— Justement, et je l’ai bien regretté ; je t’aurais averti de l’état de Paris : nous sommes en pleine guerre civile…