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se vanter d’avoir envoyé dans les colonies une cargaison de vins précieux en bouteilles dont la plupart étaient vides.

— Mais, dit l’oncle Scipion, ces pratiques-là ne doivent pas te rester.

— Il est vrai, dit Dumarsouin en riant, qu’elles se dégoûtent quelquefois ; mais le tour est fait, et l’argent est en poche.

L’oncle Scipion s’étonna quelque peu de ces façons d’agir, et surtout du ton leste de son neveu ; frère Paul, revenant en ce moment :

— Es-tu malade, mon ami ? lui dit-il.

Mais frère Paul lui lança un regard farouche sans répondre.

On reprit le chemin de la maison dans la même voiture élégante ; et comme il s’agissait de fêter l’oncle Scipion, surtout au moment de la négociation, Dumarsouin avait fait préparer un souper digne des repas précédents. En attendant qu’on se mit à table, la nuit était tombée, et l’oncle Scipion s’étonnait que la lumière ne fût point allumée.

— Je vous gardais une surprise, lui dit Dumarsouin.

Il les fit descendre dans ses magasins, où bientôt deux hommes entrèrent, portant chacun au bout d’une perche une mèche allumée qu’ils ne firent que présenter au-dessus de chaque lampe, et tout à coup la flamme en jaillit avec un bruit surprenant.

Frère Paul était prêt à fuir.

— C’est ce que nous appelons du gaz, dit fièrement Dumarsouin en montrant ses magasins éclairés comme d’un beau jour.