Page:Ourliac - Nouvelles.djvu/303

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’en rencontra de mauvaises. Je ne suis pas fort au courant de ce qu’il faisait alors. On a voulu m’insinuer qu’il avait trempé dans la débauche, et qu’il dépensait facilement son gain avec des amis peu délicats et des femmes sans conduite. Oh ! bon Dieu ! ce ne serait qu’une raison de plus de plaindre mon pauvre enfant, qui était trop généreux. Ce qui est certain, c’est que ses complaisances et son bon cœur l’induisirent en de folles prodigalités. On lui prenait à la fois son temps et son argent ; les libraires ne le payaient plus ; des rivaux plus heureux l’obscurcirent ; les protections lui manquèrent. Il m’écrivait cependant de temps en temps pour me rassurer. Une banqueroute acheva de le ruiner. Il se trouva tout à coup accablé de dettes, sans ressources et abandonné de ses faux amis qui l’avaient dépouillé.

Bientôt je ne reçus plus de lettres ; je m’informai, je ne pus rien apprendre de tous ces malheurs que je sus plus tard, et, d’ailleurs, quel secours lui pouvais-je porter, moi qui n’étais point capable d’entreprendre ce long voyage de Paris ?

Mon enfant, harcelé par les créanciers, s’était réfugié à Passy, un petit village près de Paris, où il se tenait caché sous le nom de Laforêt. Mon Dieu, si j’avais su cela, je crois que j’aurais vendu cette pauvre maison qui m’a vu naître, et ces vieux livres où je lui ai appris à lire, pour l’aller retrouver. Mais il était si fier ! il voulait cacher sa misère et son talent méprisé.

Ce fut une tapissière, honnête femme, à laquelle il devait quelque argent, qui parvint à le découvrir. Dans quel état ? — Je n’y puis songer sans frémir ! — Il était couché sur