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Page:Ourliac - Nouvelles.djvu/321

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— Ni un ange, reprit-il en soupirant.

— Je ne l’aurais pas dit.

— Je ne suis pas un dieu, dit-il encore.

— Ah çà ! m’écriai-je en riant, vous êtes donc le diable ?

— Il est vrai, vous l’avez dit, répliqua-t-il avec un nouveau soupir ; c’est au moins le nom qu’on me donne.

Je pensai qu’il était fou, et je tombai dans une alarme tout autre que celle que l’on pourrait croire.

— Ah ! me dit-il, j’ai parlé trop tôt, je vais éveiller dans votre esprit toutes les folles idées qui courent le monde à mon propos, tandis que je viens vous les ôter et les ôter aux autres par votre moyen. Avant tout, voyez, monsieur, je vous prie, si j’ai la tournure admirable dont on vous a parlé ?… Hélas ! vous n’avez devant vous qu’un père de famille infortuné qui ose à peine se faire connaître à ses enfants et à ses meilleurs amis, un malheureux qu’on a calomnié de toutes parts et de toutes façons sans pouvoir obtenir justice. L’histoire de mes malheurs est aussi vieille que le monde et aussi mensongère que celle de tous les peuples réunis. Mais il faut vous dire pour qui l’on me donne avant d’exposer ce que je suis véritablement. Et d’abord, on m’a fait une réputation de méchanceté qui…, vous en jugerez, monsieur, car je m’indigne… Croiriez-vous, avant toutes choses, qu’on s’est imaginé de me déguiser en serpent à l’origine du monde pour tromper de pauvres gens dont je n’avais souci ? Cela ne valait pas le bruit que l’on a fait. J’ai un grand ami, serpent de paroisse à Palaiseau, et qui n’a que le défaut de boire, voilà