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Page:Ourliac - Nouvelles.djvu/328

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d’eux-mêmes, les peuples à ne plus dépendre des rois. Tous les droits et tous les devoirs furent contestés. La décadence prit le mors aux dents. Je n’avais plus qu’un coup d’épaule à donner de temps à autre, car c’est à peine si quelques grands hommes, quelques corps religieux résistaient à mes progrès. Une compagnie célèbre qui s’éleva dans ce péril me fit trembler un moment et me disputa chèrement la victoire ; mais j’avais des amis dans les parlements, à la cour, dans le clergé. Je fus vainqueur successivement sans efforts, dans une multitude de petits combats, et enfin éclata la révolution française.

Mais depuis ce temps-là je n’ai plus absolument rien à faire ; on a pourvu à tout. Et tout était si bien préparé à l’avance, que la révolution s’est faite sans moi. Le jour où l’on a tranché la tête au roi Louis XVI, sous ce prétexte si connu qu’il était bon mais faible, je faisais la haie sur le passage du cortège avec trois cent mille modérés comme moi qui n’avaient osé s’en dispenser. À la vérité j’aurais pu désirer pour tout le mal que je désirais aux hommes, que le gouvernement de 93 durât longtemps ; mais vous reconnaîtrez en examinant ce qui s’en est suivi que je n’ai pas perdu au change. En effet, monsieur, considérez les régimes qui se sont succédé, examinez nos institutions et la société en laquelle nous vivons. Qu’aurais-je à faire là-dedans ? non-seulement on fait le mal, mais on a perdu même l’idée du bien. Autrefois nous livrions bataille à la probité d’un homme politique, aujourd’hui ils n’en ont plus.

— Pourquoi tenterions nous un officier public de voler ? Il n’achète sa charge que dans ce but. Mon plus grand obs-