Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/343

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serre du milan, c’est confier le bercail au loup dévorant ! Non, Hélène ne fut point coupable ; son ravisseur ne fut point criminel. Il fit ce que toi-même ou tout autre eussiez fait à sa place. Tu les forçais à l’adultère en leur laissant et le temps et le lieu. Ne semblais-tu pas toi-même conseiller à ta jeune épouse d’en agir ainsi ? Que fera-t-elle ? Son époux est absent ; près d’elle est un aimable étranger : elle craint de coucher seule. Que Ménélas en pense ce qu’il voudra : Hélène, selon moi, n’est pas coupable ; elle n’a fait que profiter de la complaisance d’un mari si commode.

Mais le féroce sanglier, dans sa plus grande furie, lorsque ses défenses foudroyantes font rouler au loin les rapides limiers ; la lionne, lorsqu’elle présente sa mamelle aux petits qu’elle allaite ; la vipère que le voyageur a foulée d’un pied distrait, sont moins à craindre que la femme qui a surpris une rivale dans le lit de son époux. Sa fureur se peint sur sa figure : le fer, la flamme, tout lui est bon ; oubliant toute retenue, elle court, pareille à la Bacchante agitée par le dieu d’Aonie. La barbare Médée vengea sur ses propres enfants le crime de Jason et la violation de la foi conjugale ; cette hirondelle que vous