Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/344

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voyez fut aussi une mère dénaturée. Regardez ! sa poitrine est encore teinte de sang. Ainsi se rompent les unions les mieux assorties, les liens les plus solides. Un amant prudent doit craindre d’exciter ces jalouses fureurs.

Ce n’est pas que, censeur rigide, je veuille te condamner à n’avoir qu’une maîtresse : m’en préservent les dieux ! Une femme mariée peut à peine tenir un semblable engagement. Donne-toi de l’amusement, mais couvre d’un voile modeste tes tendres larcins ; il faut se garder d’en tirer vanité. Ne fais point à une femme un présent qu’une autre puisse reconnaître ; change l’heure et le lieu de vos rendez-vous, de peur qu’une d’elles ne te surprenne dans une retraite dont elle connaît le mystère. Quand tu écriras, relis avec soin tes épîtres avant de les envoyer : bien des femmes lisent dans une lettre plus qu’on ne leur dit.

Vénus blessée prend justement les armes, rend trait pour trait à l’agresseur, et lui fait éprouver à son tour le mal qu’il a causé. Tant qu’Atride se contenta de son épouse, elle fut chaste ; l’infidélité de son mari la rendit coupable. Elle avait appris que Chrysès, le laurier à la main, le front ceint de bandelettes sacrées, avait en vain redemandé sa fille. Elle avait appris, ô Briséis, l’enlèvement qui causa tes chagrins, et par