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Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/382

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ne touchez qu’à celle que vous voulez lancer. Il est un autre jeu, divisé en autant de cases qu’il y a de mois dans l’année ; la table contient trois pièces de chaque côté : pour gagner, il faut les ranger toutes les trois sur la même ligne. Apprenez mille jeux divers : il est honteux pour une jeune femme de ne savoir pas jouer ; car souvent l’amour vient en jouant.

Mais c’est un faible mérite que de conduire habilement son jeu ; le grand point est de rester maître de soi-même. Parfois, trop peu sur nos gardes, et entraînés par la chaleur du jeu, nous nous oublions, et nous montrons à nu le fond de notre cœur. La colère et l’amour du gain, ces vices honteux, s’emparent de nous ; de là naissent les querelles, les rixes, et les regrets amers. On s’invective : l’air retentit de cris furieux ; et chacun tour à tour invoque en sa faveur les dieux irrités. Plus de confiance entre les joueurs : on demande que les instruments du jeu soient changés ; souvent même j’ai vu les visages se baigner de larmes. Puisse Jupiter vous préserver de ces coupables transports, ô femmes, qui mettez quelque prix à nous plaire !

Tels sont les jeux que la nature permet à votre faiblesse : elle