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Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/384

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Si le peintre de Cos, Apelles, n’eût point exposé aux regards l’image de Vénus, la déesse serait encore ensevelie sous les flots de la mer. Où tendent les vœux du poète ? À la renommée ; c’est le prix que nous attendons de nos travaux. Autrefois les poètes étaient les favoris des héros et des rois ; et les choeurs, chez les anciens, obtinrent de grandes récompenses. Le nom de poète avait quelque chose d’imposant et de vénérable ; et à ce respect se joignaient souvent d’abondantes largesses. Ennius, né dans les montagnes de la Calabre, fut jugé digne d’être inhumé près de toi, grand Scipion ! Mais maintenant, le lierre poétique gît sans honneur, et les veilles laborieuses des Muses sont flétries du nom d’oisiveté. Nous aimons toutefois à veiller pour la gloire. Qui jamais eût connu Homère, si l’Iliade, cet immortel chef-d’œuvre, n’eût pas vu le jour ? Qui jamais eût connu Danaé, si, toujours renfermée, elle eût vieilli cachée dans sa tour ? Jeunes beautés, vous ferez bien de vous mêler à la foule : portez souvent hors de chez vous vos pas incertains. La louve épie plusieurs brebis pour en prendre une seule ; et l’aigle poursuit plus d’un oiseau dans les airs. Ainsi une belle