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Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/397

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l’appât du plaisir, et le retenir longtemps par ses caresses.

Mais à quoi bon tant de détours et de conseils minutieux, lorsque le moindre présent suffit pour l’acheter ? Les présents, croyez-moi, séduisent les hommes et les dieux : Jupiter lui-même se laisse fléchir par les offrandes. Que fera donc le sage, lorsque le fou connaît lui-même toute la valeur d’un présent ? Il n’est pas jusqu’au mari qu’un présent ne rende muet. Mais il suffit d’acheter une seule fois l’année le silence de son gardien : la main qu’il aura tendue une première fois, il sera souvent disposé à la tendre encore.

J’ai déploré naguère, il m’en souvient, qu’il fallût se méfier de ses amis ; ce reproche ne s’adresse pas seulement aux hommes. Si vous êtes trop confiantes, d’autres goûteront les plaisirs qui vous étaient dus, et le lièvre que vous aurez levé ira se prendre dans les filets d’autrui. Cette officieuse amie, qui vous prête et sa chambre et son lit, s’y est trouvée plus d’une fois en tête-à-tête avec votre amant. N’ayez pas non plus de servantes trop jolies ; plus d’une a pris auprès de moi la place de sa maîtresse.

Insensé ! où me laissé-je emporter ? Pourquoi offrir aux traits de l’ennemi ma poitrine découverte ? Pourquoi me trahir