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Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/399

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sacrée, dont les rives sont bordées d’un vert gazon. Des arbres peu élevés forment à l’entour moins un bois qu’un bocage ; l’arbousier y offre un abri ; le romarin, le laurier et le sombre myrte y répandent leurs parfums ; là, croissent aussi le buis au feuillage épais, la fragile bruyère, l’humble cytise et le pin élancé. Tous ces feuillages divers et le sommet des herbes frémissent, agités par la douce haleine des zéphyrs et par une brise bienfaisante.

C’est là que le jeune Céphale, laissant à l’écart sa suite et ses chiens, venait, las des travaux de la chasse, goûter les douceurs du repos : " Brise légère, répétait-il souvent, viens sur mon sein, viens éteindre mes feux ! " Quelqu’un l’entendit, et, méchamment officieux, alla répéter à sa craintive épouse ces innocentes paroles. Au nom de cette Brise, qu’elle prend pour une rivale, Procris, dans son saisissement, tombe, muette de douleur. Elle pâlit, comme après la vendange pâlissent les pampres tardifs, blessés par les premiers froids de l’hiver, ou comme ces coings déjà mûrs qui font courber les rameaux sous leur poids, ou comme les fruits du cormier, lorsqu’ils sont encore trop acides pour figurer sur nos tables. Dès qu’elle a repris ses sens, elle déchire les légers