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Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/400

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vêtements qui couvrent son sein, et ses ongles ensanglantent son visage. Puis soudain, furieuse et les cheveux épars, elle s’élance à travers les campagnes, comme une bacchante en délire. Arrivée prés du lieu fatal, elle laisse dans le vallon ses compagnes, et, sans faire entendre le bruit de ses pas, elle pénètre hardiment dans la forêt. Quel est ton dessein, insensée Procris, en te cachant ainsi ? quelle imprudente ardeur anime ton esprit égaré ? Tu crois sans doute voir arriver cette Brise, cette rivale inconnue ; tu penses que tes yeux vont être témoins de l’outrage qui t’est fait. Tantôt tu te repens de ta démarche ; car tu ne voudrais pas surprendre les coupables ! tantôt tu t’en applaudis ; l’amour livre ton cœur aux plus cruelles incertitudes. Tout excuse ta crédulité : le lieu, le nom, le délateur, et ce fatal penchant qu’ont tous les amants à croire ce qu’ils redoutent.

Dès qu’elle vit l’herbe foulée et marquée d’une empreinte récente, des battements redoublés agitèrent son cœur ému. Déjà le soleil, à son midi, avait raccourci les ombres et voyait à une égale distance l’orient et l’occident, lorsque le fils du dieu de Cyllène, Céphale, revint à la forêt, et apaisa dans l’eau d’une source la chaleur qui le brûlait. Cachée près de