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Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/401

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lui, Procris inquiète l’épie : elle le voit s’étendre sur l’herbe accoutumée ; elle l’entend s’écrier : "Venez, doux Zéphyrs, viens, Brise légère ! " Ô surprise agréable ! elle reconnaît son erreur, causée par un nom équivoque ; elle recouvre ses esprits ; son visage reprend sa couleur naturelle : elle se lève, et, voulant s’élancer dans les bras de son époux, elle agite par ce mouvement le feuillage qui l’environne. Céphale, attribuant ce bruit à quelque bête fauve, saisit vivement son arc, et déjà le trait fatal est dans ses mains. Que fais-tu, malheureux ? ce n’est point une bête fauve - arrête ! — il est trop tard : ton épouse tombe sous le fer lancé par toi : "Hélas ! s’écria-t-elle, tu as percé le cœur d’une amante ! ce cœur toujours blessé par Céphale ! Je meurs avant le temps, mais sans rivale : la terre qui va me couvrir en sera plus légère. Déjà cette Brise qui causa mon erreur emporte mon âme dans les airs : ah ! je meurs ; — que du moins ta main chérie me ferme les yeux."

Céphale désolé soutient dans ses bras sa maîtresse expirante, et arrose de larmes sa cruelle blessure. Enfin l’âme de l’imprudente Procris s’échappe par degrés de son sein, et Céphale, les lèvres collées sur ses lèvres, recueille son dernier soupir.