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Page:Ovide - Œuvres choisies (trad. Panckoucke), Les Amours, 1858.djvu/402

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Mais reprenons notre course, et, pour que notre barque fatiguée touche enfin au port, laissons les exemples et parlons sans détours. Vous attendez sans doute que je vous conduise aux festins, et, à ce sujet, vous désirez encore recevoir mes leçons. Venez-y tard, et ne vous montrez pas avec toutes vos grâces, avant que les flambeaux soient allumés. L’attente plaît à Vénus ; l’attente donne un bien plus grand prix à vos charmes.

Fussiez-vous laide, vous paraîtrez belle à des yeux troublés par le vin, et la nuit jettera son voile sur vos imperfections. Prenez les mets du bout des doigts : savoir manger est aussi un art : gardez que votre main mal essuyée ne laisse de sales empreintes autour de votre bouche. Ne mangez pas chez vous avant le repas ; mais, quand vous serez à table, sachez vous modérer, et mangez un peu moins que vous n’en auriez envie. Si le fils de Priam eût vu Hélène montrer un appétit glouton, il l’eût prise en haine ; il eût dit : "Quel sot enlèvement j’ai fait là ! "

Il siérait mieux à une jeune femme de se permettre un peu d’excès dans le boire : le fils de Vénus et Bacchus s’accordent assez bien ensemble. Ne buvez cependant qu’autant que peut le supporter votre tête ; conservez l’usage de votre esprit et de vos pieds ; et ne voyez jamais doubles les objets simples