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les métamorphoses

meurtre et de la violence ; Céyx qui portait sur son visage l’éclat de l’astre paternel(7), mais qui alors, plongé dans la tristesse, pleurait la perte d’un frère. Accablé de soucis et de fatigue, le fils d’Éaque entre dans la ville, avec une suite peu nombreuse : il avait laissé non loin des murs, dans une fraîche vallée, les troupeaux qu’il menait avec lui. Dès que l’entrée du palais lui est permise, il s’avance, portant le rameau des suppliants, entouré de bandelettes. Il dit son nom, sa naissance, et ne tait que son crime ; et donnant un faux prétexte à sa fuite, il demande un asile, ou dans les murs, ou hors des murs. Le roi lui répond avec un bienveillant sourire : « Notre ville est ouverte à tous, Pélée ; nous ne régnons pas sur une terre inhospitalière. Mais ton nom illustre et le sang de Jupiter sont des titres assez puissants pour ajouter encore à notre bon vouloir. Ne perds pas ton temps en prières : tout ce que tu demandes, tu l’obtiendras. Dispose de tout ce que tu vois. Plût au ciel que tu fusses venu dans un temps moins néfaste ! » Et il pleurait. Pélée et ses compagnons lui demandent la cause de ses larmes ; Céyx leur répond : « Peut-être pensez-vous que cet oiseau qui vit de rapine et qui répand la terreur parmi les habitants de l’air a toujours été couvert de ce plumage. Non, ce fut un homme, audacieux, comme il l’est encore, invincible guerrier, toujours prêt au combat. Son nom fut Dédalion : comme moi, il eut pour père l’astre qui appelle l’Aurore et qui sort le dernier du ciel. J’aimai la paix et les douceurs d’un tranquille hyménée ; mon frère n’aimait que les sanglants combats. Ce courage, qui maintenant porte l’effroi parmi les colombes de la Béotie, lui soumit autrefois des rois et des nations. Il devint père de Chione, qui, après quatorze printemps, devint par sa beauté l’objet des vœux de mille prétendants.

Phébus et le fils de Maïa revenaient, l’un de son temple de Delphes, l’autre du mont Cyllène. Tous deux la virent, tous deux l’aimèrent. Apollon diffère jusqu’à la nuit l’espoir de ses plaisirs ; Mercure, plus impatient, touche la jeune fille de son caducée, l’endort par ce charme puissant, et apaise ses désirs. Lorsque la nuit a semé les astres dans le ciel, Phébus à son tour prend la figure d’une vieille, trompe la jeune fille, et goûte les plaisirs désirés. Neuf mois se sont écoulés : deux jumeaux sortent de son sein : l’un, fils du dieu rusé qui porte le caducée, Autolycus(8), rusé comme son père, habile à d’ingénieux larcins, digne de celui qui lui donna le jour ; il saura changer le noir en blanc, et le blanc en noir. De Phébus naît Philammon(9) à la voix harmonieuse, habile à tirer de doux sons de la lyre. Mais que sert à Chione d’être mère de deux enfants, et d’avoir inspiré de l’amour à deux divinités ? Que lui