Page:Ovide - Œuvres complètes, trad Nisard, 1838.djvu/273

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Et les chiens, par où commencer leur éloge ? Quelle audace intrépide ! quelle sagacité dans la chasse ! quelle infatigable ardeur ! Tantôt leur narine élevée interroge le vent ; tantôt, flairant la terre, ils y cherchent la trace du gibier. Leur voix le trahit et appelle le chasseur. Si la bête échappe à ses traits, le chien se met à sa poursuite à travers les monts et les plaines ; l’homme s’en repose sur l’adresse du chien, et met en lui tout son espoir.

Quant à la pêche, je ne vous conseillerai pas d’aller en pleine mer, ni de sonder les abîmes du vaste océan. Mieux vaudra garder pour votre ligne un certain milieu. Si l’endroit est pierreux, plongez-y des nasses d’osier flexible ; sur un sable uni, jetez vos filets. Voyez si quelque haute montagne ne projette pas sur l’eau son ombre épaisse ; car il est des poissons qui recherchent, il en est qui fuient ces lieux-là. Voyez si le fond de l’eau n’emprunte pas une couleur verdâtre des herbes qui y croissent.

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Que le pêcheur ait la patience d’attendre ; que l’algue tendre ne le fasse pas s’emporter.

La nature a varié le fond des eaux ; et elle n’a pas voulu que les mêmes parages convinssent à tous les poissons. Les uns aiment la pleine mer, comme les scombres, les bœufs, l’hippure léger, le milan au dos noir, et le précieux hélops, inconnu sur nos côtes, et le dur xiphias, aussi dangereux qu’une épée, et les timides thons, qui s’enfuient par bandes nombreuses, et la petite échénéis, qui (chose étonnante !) retarde la marche des vaisseaux, et le pompile, qui les escorte, et suit l’écume blanchissante qu’ils forment en sillonnant les ondes ; et le féroce cercyre, qui se tient au pied des rochers, et le canthare, à la chair sans saveur, et l’orphas, qui lui ressemble en couleur, et l’érytien, qui rougit dans l’azur des flots, et le sarge que distinguent à la fois ses taches et ses ailerons, et le spérule, dont la tête brille de l’éclat de l’or ; et le pagure étincelant, et les rougeâtres synodons ; et le channa, qui se reproduit lui-même, et ne doit le jour qu’à un seul ; et le saxatile, aux écailles vertes et à la bouche petite ; et le fabre si rare; et les mormyres tachetés, et la chrysophrys aux couleurs d’or ; et les ombres au corps livides, et les loups agiles, et les perches et les trages ; et le mélanure, dont la queue est si belle ; et la murène aux brillantes taches d’or ; et les merles verdâtres ; et le congre, qui fait de si cruelles blessures à ceux de son espèce ; et le scorpion, redoutable par les coups que porte sa tête si dure ; et le glaneur, qui ne paraît jamais l’été.

Il y a au contraire d’autres poissons qui préfèrent le sable couvert d’herbes, comme le scare, seul poisson ruminant ; le ména si fécond, le lamyros, le smaris, le chromis immonde,