Page:Ovide - Œuvres complètes, trad Nisard, 1838.djvu/566

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vos auspices, l'année romaine accomplisse heureusement sa révolution toute entière.

Lorsque le fondateur de Rome voulut régler la division du temps, il établit que l'on compterait deux fois cinq mois dans son année. On le voit, Romulus, tu connaissais mieux la guerre que l'astronomie : [1, 30] ta grande étude était de vaincre les peuples voisins. Pourtant, César, il est des raisons qui le persuadèrent, et son erreur même n'est pas sans excuses. Dix mois suffisent pour que l'enfant sorte du sein de sa mère ; Romulus pensa que cette même période de temps devait être la mesure de l'année. [1, 35] C'est aussi pendant dix mois que l'épouse, après la mort de son époux, porte, dans sa demeure solitaire, les tristes vêtements du veuvage ; ce fut là sans doute ce qui frappa l'esprit de Quirinus, vêtu de la trabée, quand il fixa pour ses peuples grossiers les divisions de l'année.

Le premier mois fut consacré à Mars, le second à Vénus ; [1, 40] Romulus descendait de Vénus, et Mars était son père. La vieillesse donna son nom au troisième, la jeunesse au quatrième ; les autres furent désignés chacun par le rang qu'ils occupaient. Numa, ne voulant pas laisser sans honneurs et Janus et les mânes des aïeux, augmenta le nombre des mois, et aux anciens il en ajouta deux autres.

[1, 45] J'exposerai maintenant la loi qui règle les jours ; car ils ne sont pas tous consacrés aux mêmes devoirs. Ils sont dits néfastes, quand les trois paroles sacramentelles ne peuvent être prononcées dans les tribunaux ; fastes, quand la justice suit son libre cours ; et ne croyez pas qu'un même jour ne puisse avoir qu'une distinction : [1, 50] tel est néfaste le matin, qui sera faste le soir ; en effet, dès qu'on a offert aux dieux les entrailles des victimes, la parole cesse d'être interdite, et le préteur recouvre le droit de rendre ses arrêts tout-puissants. Il est des jours de comices où le peuple vient remplir les enceintes du champ de Mars ; il est des jours de marché, qui reviennent quand le disque de la lune reparaît pour la neuvième fois. [1, 55] Les Calendes romaines sont consacrées au culte de Junon ; les ides voient couler, devant les autels de Jupiter, le sang d'une belle et blanche brebis ; aucune divinité ne préside aux Nones. Le lendemain de tous ces jours, notez-le avec une attention religieuse, est marqué de couleur noire ; ce présage est tiré des événements de notre histoire : ce sont les jours où Rome, [1, 60] trahie par le sort des combats, a essuyé de sanglantes défaites. Ceci s'applique à toute la série de nos fastes ; je le dis une fois, et je ne le répéterai plus, afin de ne pas rompre à chaque instant le fil de ce poème.

Janus paraît, et vous annonce une année heureuse, ô Germanicus ; c'est par son nom que j'inaugure mes chants. [1, 65] Dieu à double visage, c'est de toi que part l'année pour s'écouler sans bruit ; toi qui, sans tourner la tête, vois ce que nul autre dieu ne peut voir, montre-toi propice aux chefs dont l'active sollicitude donne le repos à l'Océan et la sécurité à la terre, qui nous prodigue ses trésors ; montre-