Page:Ovide - Œuvres complètes, trad Nisard, 1838.djvu/586

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plus. Les autres nymphes ont entendu, et elles quittent leurs vêtements. [2, 170] Callisto n'ose les imiter; sa lenteur déjà l'accuse. Sa tunique tombe enfin, et sa nudité révèle un crime; le fardeau qu'elle porte dans son sein est trahi par son sein lui-même. "Fille parjure de Lycaon, s'écrie la déesse, sors du choeur des vierges, et ne souille pas la pureté de ces eaux."

[2, 175] Dix fois le croissant de la lune s'était renouvelé, celle qu'on avait crue vierge était mère! Junon, outragée, furieuse, métamorphose l'infortunée. Pourquoi la punir? sa pudeur n'avait pas été complice de Jupiter! Quand la jeune fille ne fut plus qu'une hideuse bête féroce, [2, 180] "Que Jupiter, s'écrie l'épouse vengée, te serre donc maintenant dans ses bras!" Ainsi, celle que le souverain des dieux avait aimée erra désormais, ourse informe, dans les solitudes des montagnes.

L'enfant né de cette union furtive avait déjà compté trois lustres quand un jour il rencontra sa mère; [2, 185] elle s'arrête éperdue, et croit reconnaître son fils; elle pousse un long gémissement, c'est le seul langage qui lui reste. L'enfant, sans le savoir, va la percer d'un javelot acéré, lorsque tous deux sont enlevés aux célestes demeures; et tous deux brillent aujourd'hui l'un près de l'autre parmi les constellations; celle que nous appelons Arctos est la première; [2, 190] à sa suite vient Arctophylax. Mais Junon les poursuit encore, et elle obtient de la blonde Téthys que la nymphe du Ménale ne puisse se baigner dans ses eaux.

Aux Ides de ce mois fument les autels de Faune, dieu champêtre, dans cette île qui force le Tibre à l'embrasser de ses ondes partagées.

[2, 195] C'est en ce jour que les trois cents six Fabius succombèrent dans les champs de Véies. Une seule famille répond de Rome et se charge de sa défense; tous ses membres, unis par les liens du sang, s'élancent ensemble au combat; le même camp a vu partir tous ces soldats intrépides, [2, 200] dont chacun était digne de commander une armée. Qui que tu sois, garde-toi maintenant de passer sous la porte Carmentale, voisine d'un temple de Janus, situé sur la droite; ce serait un mauvais présage; c'est par-là, dit-on, que sortirent les Fabius; la porte n'est pas coupable sans doute, mais un mauvais présage y reste attaché pour toujours.

[2, 205] Arrivés d'un pas rapide à l'endroit où l'impétueux Crémère roulait avec violence ses ondes souillées et grossies par l'hiver, ils établissent leur camp; puis, le fer à la main, ils se frayent bravement un passage à travers les rangs tyrrhéniens. [2, 210] Tels on voit les lions s'élancer des rochers de la Libye sur les troupeaux épars dans la plaine immense. Les ennemis prennent la fuite, et reçoivent par derrière de honteuses blessures. Le sang toscan rougit la terre.

Vaincus dans une seconde bataille et dans plusieurs autres, ils désespèrent de l'emporter dans une lutte ouverte, et leurs troupes embusquées préparent