le dieu selon les formules voulues. Cependant la Nuit paisible arrive, le front couronné de pavots, traînant à sa suite les songes noirs.
Faunus paraît, et, de son pied dur, pressant la toison des brebis, il fait entendre ces mots à la droite du lit où Numa repose: [4, 665] "Roi, il faut apaiser Tellus par la mort de deux vaches; qu'une seule victime suffise à ce double sacrifice." La terreur chasse le sommeil; Numa se rappelle ce qu'il a vu; il réfléchit au sens mystérieux de l'ordre obscur qu'il vient de recevoir. Tandis qu'il erre dans la forêt, son épouse chérie vient à sa rencontre, et met fin à ses incertitudes [4, 670] en lui disant: "On te demande les entrailles d'une vache pleine." Il offre donc les entrailles d'une vache pleine. Une année heureuse arrive enfin: la terre et les troupeaux retrouvent leur fécondité.
Autrefois Cythérée donna l'ordre à ce jour de s'écouler plus vite, et hâta la course des célestes coursiers, [4, 675] afin qu'au jour suivant la fortune des combats donnât plus tôt au jeune Auguste le titre d'empereur.
Mais déjà quatre fois l'étoile du matin a regardé derrière elle les ides passées; c'est cette nuit que les Hyades se plongent dans le sein de Doris.
À la troisième apparition de l'aurore qui suivra le coucher des Hyades, [4, 680] les coursiers, retenus séparément aux barrières, s'élanceront à la fois dans le Champ de Mars. Mais je dois dire pourquoi on fait courir des renards traînant attachées à leurs queues des torches ardentes.
Carseoli est une terre froide, peu propice à la culture de l'olivier, mais fertile en moissons. [4, 685] Je me rendais un jour par ce chemin chez les Péligniens, à mon pays natal; territoire peu étendu, mais où les eaux entretiennent une humidité constante. Au moment où Phébus venait de détacher du char ses coursiers fatigués, j'entre dans la demeure bien connue d'un ancien hôte. Cet homme, parmi tous les récits qu'il ne manquait jamais de me faire, n'oubliait rien [4, 690] de ce qui pouvait trouver place dans le livre qui m'occupe aujourd'hui. "Dans cette plaine, me dit-il, et il me montrait la plaine, une villageoise économe possédait un petit champ avec son robuste époux. Celui-ci travaillait la terre, employant tour à tour la charrue, le hoyau, la faux recourbée. [4, 695] Celle-ci, tantôt balaie sa chaumière soutenue par des étais, tantôt met couver des oeufs sous l'aile maternelle; elle cueille des mauves vertes, ou des champignons blancs, ou réchauffe son humble foyer d'une flamme bienfaisante; elle exerce sans relâche ses bras à faire de la toile, [4, 700] et prépare des vêtements qui bravent les rigueurs du menaçant hiver. Elle avait un fils folâtre encore, comme on l'est au jeune âge; à deux lustres il venait d'ajouter deux années.
Cet enfant, à l'extrémité de la vallée plantée de saules, surprend un renard, qui déjà avait commis plus d'un larcin dans la basse-cour. [4, 705] Il enveloppe son captif de foin et