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MÉTAMORPHOSES.

sante que la terre. C’est le séjour assigné par les décrets du dieu aux nuages, aux tonnerres qui épouvantent le cœur des mortels, et aux vents, pères de la foudre et des frimas.

L’architecte des mondes n’abandonna pas à leurs caprices l’empire de l’air. Aujourd’hui même, quoique retenus par la loi qui marque leurs routes diverses, peu s’en faut qu’ils ne brisent le monde : tant la discorde les désunit ! Eurus fut relégué dans le royaume de l’Aurore, dans l’empire de Nabata, dans la Perse et sur les montagnes frappées des premiers rayons du jour ; Zéphire avoisina Vesper et les contrées que réchauffe le soleil couchant ; l’horrible Borée envahit la Scythie et le septentrion : le pluvieux Auster s’empara des régions opposées qu’assiègent incessamment les humides brouillards. Par delà tous les vents fut répandu l’éther, élément diaphane, sans pesanteur, et dont aucun mélange terrestre n’altère la pureté.

Dès que le dieu eut circonscrit les divers corps dans des limites invariables, les astres, longtemps ensevelis dans le Chaos, commentèrent à resplendir dans le ciel de tout l’éclat de leurs feux. Afin que nulle région ne fût dépourvue des êtres qui lui convien-