Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/281

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tache en toutes choses à son maître Claudien : il fait comme lui des épithalames, des panégyriques, de petits poëmes sur des sujets païens ; Thélis et Pélée, Vénus et Cupidon, reviennent sous sa plume, et il compose des morceaux destinés à être appris par cœur. Dans un de ces passages il nous montre Rome, sans casque, traînant péniblement sa lance et son bouclier, qui paraît au milieu de l’assemblée des dieux et leur adresse un discours dans lequel elle se plaint, maîtresse autrefois du monde, d’obéir aujourd’hui à la domination des Césars ; mais, du moins, dit-elle, s’il faut que j’obéisse, que le ciel me donne des Trajan ! C’est pourquoi Jupiter lui donnera Avitus, qui régnera un an et au milieu de tous les désordres, mais Avitus qui était le beau-père de Sidoine ! Le poëte s’excuse de l’imperfection de ses vers sur ces barbares qui l’importunent, qui entonnent de rudes cantiques avec un accent qui rappelle les forêts, sur ces gens hauts de sept pieds, dont la chevelure est graissée avec du beurre rance ; il s’excuse alors de ne pas conserver toute la liberté d’esprit nécessaire à l’inspiration.

Fortunat ne se troublera pas pour si peu ; il vit à la cour de ces terribles hôtes, mais il n’a pas pour cela oublié Claudien ; en quittant l’Italie, il emportait précieusement sous son manteau le rouleau des poésies de son maître ; il les étudie, il s’en pénètre, et, lorsqu’il arrive qu’un grand événement, un mariage, va s’accomplir entre Sigebert et la belle Brunehaut, le poëte italien est heureux : il trouve une occasion de placer tous