Page:Ozanam - Œuvres complètes, 2e éd, tome 01.djvu/37

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nous sommes arrêté d’abord devant la théologie, à peu près comme le voyageur moderne qui, parcourant les villes italiennes, visite d’abord les églises, sûr d’y trouver ce que les hommes auront produit de plus pur et de meilleur. C’est qu’en effet aucun peuple ne fut plus travaillé de la pensée des choses divines. Nulle part le génie théologique ne fut si puissant et si durable : saint Ambroise, saint Léon, saint Grégoire, jusqu’à Bellarmin, Cajetan, et ces hommes qui du fond de leurs cloîtres soutiennent encore contre l’exégèse allemande tout l’effort de la controverse chrétienne. Tandis que les églises d’Orient s’agitent, et que les conciles s’y rassemblent et s’y contredisent, toutes les grandes questions portées à Rome y sont résolues dans le même sens : on y trouve un esprit ennemi des subtilités et des rêveries, la précision et la simplicité nécessaires pour instruire et pour gouverner les hommes… On a cru les populations du Midi moins religieuses que celles du Nord, on a expliqué cette différence par les distractions d’une nature plus brillante. Non, il n’est pas besoin de glaces, de brouillard… caractère de la campagne romaine, les bœufs pensifs, le pâtre qui se souvient de Dieu… Plus la nature est belle, plus elle laisse transparaître l’éternelle puissance… le ciel de Naples… Il semblait que le dernier voile de l’invisible allait se fendre, et l’invisible se montrer. »