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XVIII
À ERNEST FALCONNET.
Paris, 11 avril 1834.

Mon cher ami,

Tu es inquiet de ton avenir ; en vérité, voilà le malaise de la plupart des jeunes hommes : ambition du bien, prosélytisme, charité, intérêt personnel, amour-propre, tout cela se mêle dans une âme et y porte l’impatience de faire de grandes choses l’impatience veut devancer le temps et deviner ce qui n’est point encore ; on voudrait pouvoir s’admirer, par avance, pour les belles œuvres qu’on projette. Je connais cela, cher ami, parce qu’il y a beaucoup de cela dans un cœur que tu connais, mais que je connais mieux encore, dans le mien. Combien de fois n’ai-je pas voulu bâtir à l’avance l’édifice de mon existence, ramassant ce qui me semblait le plus propre à le faire grand et beau, depuis mon enfance d’écolier, où je songeais des poëmes en vers latins[1] , jusqu’à présent où je

  1. Ozanam avait entrepris au collège un grand poëme en vers