Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 10.djvu/115

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de ces idées que nous ne sommes Ici-bas que pour accomplir la volonté de la Providence, que cette volonté s’accomplit jour par jour, et que celui qui meurt, laissant sa tâche inachevée, est tout aussi avancé aux yeux de, la suprême justice que celui qui a le loisir de l’achever tout entière ; que l’homme ne peut pas plus créer son être moral qu’il ne saurait créer son être physique, qu’on ne se fait point , orateur, philosophe, artiste, homme de génie, mais qu’on est fait tel peu à peu et insensiblement par la conduite de Dieu. Les plus grands hommes sont ceux qui n’ont jamais fait d’avance le plan de leur destinée, mais qui se sont laissé mener par la main. Un peu de confiance au Père céleste, sans la volonté duquel pas un cheveu ne tombe d’une tête humaine Hélas ! j’hésite à t’écrire ceci, peut-être déjà tu ne me comprends plus, comme moi, d’un côté, je commence à ne pas te comprendre. Mais je suis excusable de mon inintelligence. car les idées qui te viennent sont nouvelles pour moi mais le langage que je te tiens, c’est un langage que tu es accoutumé à entendre, et qui, peut-être à cause de cela, te paraît suranné, ascétique, que sais-je ? Mais, sois-en convaincu, mon cher ami, malgré les froideurs et les négligences dont tu as eu droit de m’accuser, je t’aime toujours ; parmi mes amis, tu es toujours celui sur lequel mes affections reposent avec le plus de complaisance, et je ne saurais porter l’idée que, si près du point de départ, nos