secourables de saint Philippe de Néri, de saint Jean de Dieu et de saint Vincent de Paul ; combien ne faudrait-il pas à présent de charité, de dévouement, de patience, pour guérir les souffrances de ces pauvres peuples, plus indigents encore que jamais, parce qu’ils ont refusé la nourriture de l’âme en même temps que le pain du corps venait à leur manquer ! La question qui divise les hommes de nos jours n’est plus une question de formes politiques, c’est une question sociale, c’est de savoir qui l’emportera de l’esprit d’égoïsme ou de l’esprit de sacrifice si la société ne sera qu’une grande exploitation au profit des plus forts, ou une consécration de chacun pour le bien de tous et surtout pour la protection des faibles. Il y a beaucoup d’hommes qui ont trop et qui veulent avoir encore : il y en a beaucoup plus d’autres qui n’ont pas assez, qui n’ont rien et qui veulent prendre si on ne leur donne pas. Entre ces deux classes d’hommes une lutte se prépare, et cette lutte menace d’être terrible d’un côté, la puissance de l’or de l’autre, la puissance du désespoir. Entre ces armées ennemies, il faudrait nous précipiter, sinon pour empêcher, au moins pour amortir le choc. Et notre âge de jeunes gens, notre condition médiocre, nous rendent plus facile ce rôle de médiateurs que notre titre, de chrétien nous rend obligatoire.
Voilà l’utilité possible de notre Société de Saint Vincent de Paul. Mais pourquoi me perdre en vai-