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LXXIV
À M AMPÈRE
Château de Vernay, près Lyon. 29 juin 1841.

Monsieur et cher ami,

Permettez-moi de vous donner ce titre d’affectueuse familiarité que vous prîtes tant de fois en partageant mes joies et mes peines longtemps une sorte de retenue respectueuse me faisait hésiter encore mais aujourd’hui il faut que je prenne toutes les libertés qu’aime le cœur et dans mon doux orgueil de nouvel époux, je me sens plus hardi. C’est donc avec une simplicité toute fraternelle que je viens vous faire part de mon bonheur. Il est bien grand, il dépasse toutes les espérances et tous les rêves, et depuis mercredi dernier, jour auquel la bénédiction de Dieu est descendue sur ma tête, je suis dans un enchantement calme, serein, délicieux, dont rien ne m’avait donné l’idée. L’ange qui est venu à moi avec tant de grâces et de vertus est comme une révélation nouvelle de la Providence dans mon obscure et laborieuse destinée. Je suis’ tout illuminé de plaisir intérieur.