Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 10.djvu/96

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les années, avec d’aimables compagnons, sous un ciel pur, au milieu de riantes campagnes. Si je vous disais que le jour de la Fête-Dieu, trois jeunes écervelés sortaient de Paris par les Champs-Elysées, à huit heures du matin, je piquerais votre curiosité peut-être. Si je vous annonçais qu’à dix heures une trentaine d’étudiants assistaient à la procession de Nanterre, j’édifierais votre piété sans doute si j’ajoutais qu’à six heures du soir vingt-deux desdits individus se reconfortaient autour d’une table à Saint-Germain en Laye, je pourrais vous intriguer encore. Enfin, si je vous révélais qu’à minuit et quart ou environ, trois jouvenceaux, frappaient à la porte, rue des Grès, n° 7, qu’ils avaient l’esprit gai, les jambes un peu moulues et les souliers couverts de poussière, et que l’un d’entre eux, aux cheveux châtains, au nez large, aux yeux gris, est fort de votre connaissance, pour le coup, que diriez-vous, ma bonne petite mère ? Vous diriez Oh ! oh ! ceci m’a l’air d’une folle aventure !... ceci ressemble beaucoup à une équipée d’étourneaux et, n’était la moralité de la procession, je ferais peut-être mes grands yeux blancs. Eh bien donc, je vois que j’ai touché la corde et que j’ai rencontré, parmi les deux cent trente jours de mon pèlerinage dans la capitale, précisément celui qui peut appeler votre intérêt.

Vous savez qu’à Paris comme à Lyon, mais pour des motifs beaucoup plus plausibles, les processions