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LETTRES DE FRÉDÉRIC OZANAM

temporel dont on n’a pris que trop d’ombrage, pour ne laisser paraître que l’évêque de Rome et le vicaire de celui qui a dit : « Je suis le bon pasteur. » Voilà pourquoi il reprend l’une après l’autre toutes les fonctions actives de l’épiscopat, prêchant son peuple et son clergé, donnant ta confirmation et les saints ordres, visitant incognito les écoles d’adultes, les hôpitaux, les pauvres dans leurs greniers, allant dire la messe basse dans une humble église et y distribuant la sainte communion tous ceux qui se présentent, comme nous avons eu le bonheur de la recevoir, ma femme et moi, de ses mains. Avec cela une pureté de moeurs qui a fait l’admiration de tous ceux qui t’ont connu jeune prêtre, et d’une telle charité qu’au moment où il vint au conclave, il fut obligé d’emprunter six cents écus pour faire sa route. Encore à cette époque abandonnait-il à ses frères ses revenus matrimoniaux aujourd’hui il les a repris pour ses aumônes, ne voulant pas grever davantage le trésor obéré, en sorte que la famille Mastaï pourrait se plaindre d’avoir un pape qui la ruine autant qu’il l’honore.

Mais ce qui éclate surtout en lui, ce sont deux sentiments qui ont fait la grandeur de tous les grands papes : cette foi inébranlable en l’autorité divine dont il est le dépositaire, et une profonde conviction de son indignité ; une confiance en Dieu qui le met en état de tout entreprendre, un mépris