Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/174

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s’avançaient doucement., jusqu’à la fenêtre du balcon, qui s’ouvrit et laissa paraître le Souverain Pontife accompagné de deux prélats et de quelques domestiques avec des flambeaux. Il semblait doucement ému de la reconnaissance qu’on lui témoignait, et saluait à droite et à gauche avec beaucoup de grâce. De tous côtés on lui répondait par les acclamations les plus vives, ]cs femmes agitaient leurs mouchoirs ; les hommes leurs chapeaux, on battait des mains et l’on ne se lassait pas de répéter Viva Pio nonno ! Ce n’était point le mot d’ordre banal d’une ovation publique ; ils s savent bien qu’il faut demander qu’il vive, et qu’à sa vie sont attachés les plus grands intérêts de l’Italie et du monde. Mais voici ce qui m’a le plus touché. Le Pape a fait un geste, et aussitôt on n’a plus entendu que le mot zitto (chut), et en moins d’une minute le silence régnait dans cette foule enivrée. Alors on a pu écouter la voix du Pontife qui s’élevait pour bénir son peuple ; et lorsque étendant la main et faisant le signe de la croix il en a prononcé les paroles solennelles, un grand cri d’amen s’est élevé d’un bout à l’autre de la place. Rien de plus beau que cette ville tout entière priant avec son évêque, à cette heure avancée de la nuit, à la clarté des étoiles par un ciel superbe. Et pour bien marquer qu’il s’agissait d’un acte tout religieux, aussitôt que le Pape s’est retiré du balcon, toutes les torches se sont éteintes en même temps, et la scène n’est plus res-