Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/179

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Nous étions à Rome depuis un mois et demi quand nous avons reçu la funeste nouvelle, et ma femme, malgré tout son courage de chrétienne, a passe trois semaines dans un état qui me faisait désirer de l’emmener sur-le-champ à Paris, et qui en même temps rendait le voyage impossible. Cependant l’assistance de quelques amis, notamment de l’excellent abbé Gerbet, la grandeur des cérémonies de la Semaine Sainte, la certitude que cette chère âme avait échangé une cruelle vie contre le bonheur du ciel, toutes ces choses réunies ont rendu à ma pauvre Amélie un peu de calme ; et le 23 avril nous nous sommes remis en route à petites journées, en achevant de voir l’Italie pour compléter mes études, mais en renonçant à revenir-par l’Allemagne, afin de ne pas trop retarder le moment où nous reverrons notre famille, qui a besoin de nous. Cette dernière partie de notre séjour en Italie a été bien empoisonnée. Ce n’est qu’à travers ce voile que nous avons vu Assise, Ravenne, Venise et tant de merveilles : mais, à mesure qu’on avance dans la vie, n’a-t-on pas toujours un voile de tristesse devant les yeux, et ne faut-il pas s’habituer à voir ainsi les beautés de la terre, ne fût-ce que pour s’en détacher ?


Maintenant, mon bien cher ami, que de choses j’aurais à vous dire, et par où commencer, si ce n’est en vous assurant que nous avons bien tenu la parole que nous vous avions donnée de prier pour