tu as fondé au port d’Ostie un hospice pour les pauvres voyageurs, que tu as planté sur la plage d’Italie un rejeton de l’arbre d’Abraham, et qu’aux lieux où Énée traça son camp, tu élèves un autre Bethléem, une autre maison du pain. Qui croirait que l’arrière-petit-fils de tant de consuls, au milieu de la pourpre des sénateurs, paraîtrait vêtu d’une tunique noire sans rougir des regards de ceux qui furent ses égaux ? Cependant si, le premier d’entre les patriciens, tu t’es fait moine pour le service des pauvres, n’y trouve pas un sujet d’orgueil. Tu auras beau t’humilier, tu ne seras jamais plus humble que le Christ. le veux ; tu marches nu-pieds, tu te fais l’égal des pauvres, tu frappes modestement à la porte des indigents, tu es l’œil des aveugles, la main des estropiés, le pied des. boiteux ; tu portes l’eau, tu fends le bois, tu allumes le feu : je le veux encore ; mais où sont les soufflets et les crachats ? où sont les fouets ? où est la croix ? où est la mort ? »
Voilà le secret de la bienfaisance chrétienne c’est le souvenir de ce premier pauvre, mort sur la croix, qui passionnera tous les serviteurs des pauvres, destines à porter si loin, au moyen âge, l’enthousiasme de la pauvreté, Saint François d’Assise donnera l’exemple, et son dévouement, capable d’inspirer les chants de Jacopone da Todi, inspirait encore Giotto lorsque, dans ses fresques admirables,