Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/420

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ceux qu’on opprimait. » « En vérité l’homme doit obéir à Dieu et, entre autres œuvres salutaires; chacun doit, par charité, affranchir ses esclaves, considérant que ce n’est point la nature,mais le péché, qui les a réduits à cette condition. Car la création nous a faits égaux:le péché met les uns en puissance des autres. Souvenons-nous encore que si nous remettons, il nous sera remis. Car vous aussi, seigneur roi, vous portez le joug de la condition commune». C’est ainsi que l’Eglise faisait monter les esclaves au rang des libres. Il fallait encore élever les libres au niveau des nobles, et c’est à quoi elle travaillait en combattant cet opiniâtre préjugé, qu’il fallait porter une grande naissance aux grandes affaires, en prenant des hommes sans naissance pour les mettre sur les sièges épiscopaux, pour leur ouvrir les portes des conciles, et en même temps les palais des rois. C’était la maxime des païens du Nord, qu’on n’entrait pas dans la Walhalla les mains vides:les héros s’y faisaient suivre par leurs serviteurs et par leurs trésors, qu’on mettait avec eux sur le bûcher. L’immortalité qu’ils s’y promettaient n’avait pas d’autres plaisirs que des festins éternels et d’éternels combats. De telles croyances ne pouvaient former qu’une aristocratie violente, une société privilégiée pour les forts, oppressive pour les faibles. Mais le christianisme faisait du ciel le royaume des pauvres:c’était le plus sûr moyen de leur livrer un