Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/504

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vénéré que celui de saint Martin, dont l’apostolat venait de porter le dernier coup au paganisme. La basilique de Tours, où reposaient ses restes, devint le sanctuaire national mais les rois, ne pouvant déplacer le tombeau du saint, voulurent au moins que sa chape, portée à leur suite, fût un signe de bénédiction dans leur palais, de victoire sur le champ de bataille et la chape de saint Martin, gardée dans une châsse portative comme l’arche d’alliance des Hébreux, donna le nom de chapelle à l’oratoire qui la reçut. Le lieu consacré par un dépôt si auguste devait retentir nuit et jour de chants religieux. Les Mérovingiens, ces hommes si violents, aimaient, comme Saül à laisser calmer leur colère au bruit des instruments et des voix. Clovis se faisait envoyer d’Italie un joueur de luth ; Thierri avait retenu auprès de lui le jeune clerc Gallus, dont la voix le ravissait et Gontran interrompait un festin solennel, en priant les évêques assis à sa table de lui chanter le graduel de la messe. Quand les rois avaient tant de passion pour la musique sacrée, on ne s’étonne plus si les jeunes clercs, attachés au service du palais, furent exercés avec soin ; si la chapelle devint une école de chant ecclésiastique, et si elle finit, comme l’école de Saint-Jean de Latran, par embrasser toutes les études qui complétaient l’éducation du clergé. Voilà pourquoi le titre de chef de la chapelle n’est conféré qu’à des hommes savants, souvent à des étrangers ; comme