Saint Ouen.
Un caractère bien différent éclate dans la personne et les écrits de saint Ouen, de cet ami commun. de saint Didier et de saint Eloi, qui avait coulé avec eux les plus beaux jours de sa jeunesse au palais de Neustrie. Il fallait assurément qu’il y eût trouvé des maîtres capables de l’initier à la langue latine et à la théologie chrétienne, puisqu’il passa sans difficulté et sans études, de la charge de référendaire, au siège archiépiscopal de Rouen. Toutefois on reconnaît l’homme du Nord, le noble Franc, le Germain dompté ; mais plus touché de l’austérité sainte du christianisme que des vanités d’une civilisation vieillie, lorsque, se proposant d’écrire la vie de saint Éloi, il s’excuse de la rudesse de son langage, non plus avec l’humilité de Grégoire de Tours, mais en publiant son mépris pour les vains artifices de l’école, et en foulant aux pieds, pour ainsi dire, toute l’antiquité. « Car, dit-il, son récit pouvait être plus brillant mais il lui plaît de le tempérer de telle sorte que, sans offenser les maîtres par trop de grossièreté, il ne fatigue point les simples en poursuivant les vaines fumées des grammairiens. » Il veut que l’écrivain religieux s’adresse, non pas au petit nombre d’oisifs qui suivent les philosophes, mais au genre humain tout entier. Il déclare haïssable celui qui parle en sophiste, et demande où est l’utilité de ces docteurs, plus occupés de détruire que d’édifier. Et, dans la chaleur de cette invective contre l’éloquence